Saturday 1 September 2012

changement d'adresse

le crapaud juteux a changé de crémerie.
c'est par ici.

Sunday 22 January 2012

top of the top: 2011

here we go... it's time for the yearly music rating...

what's your favourite album, track, concert of the past year?
how about sharing your own top of the pops?

post your 2011 bestofs in comment, add your name, alias, nickname to make sure the frog identifies you.
and be among the 10th batrachians to be granted a gorgeous sampler in original format legmade by the juicy frog! (an mp3 version of the sampler will be spotified soon.)


best songs the pond
1. Sound Pressure Level, Aucan, from Black Rainbow
2. In the Dark Places, PJ Harvey, from Let England Shake
3. The Lotus Eater, Sarah Kirkland Snider feat. Shara Worden and Signal, from Penelope
4. Burn This House/Hourglass, The Sand Band

best albums the pond
1. Black Rainbow, Aucan
2. All Things will Unwind, My Brightest Diamond
3. Blood Pressure, The Kills
4. Helplessness Blues, Fleet Foxes
5. Space is only Noise, Nicolas Jaar
6. Let England Shake, PJ Harvey
7. Everything's getting Older, Bill Wells & Aidan Moffat
8. Parallax, Atlas Sound
9. Bon Iver, Bon Iver

best concerts the pond
Fleet Foxes, Columbiahalle, May
Red Snapper, Frannz, October
John Grant, Lido, September

best surprise the pond
Cinema, outsiders of 2011 Berlin Festival

best musical website the pond
starting with a p ending with a k

best label the pond
erased tapes for the polished layout of their LPs and their amazing catalogue

ugliest cover of the pond
Ventriloquizzing, Fujiya & Miyagi

most artistic cover of the pondNo Color, The Dodos

best album artwork of the pond
Inni, Sigur Rós

greatest moment of the pond
Aidan Moffat's chatting and handshaking

je-ne-sais-quoi of the pond
 byte.fm

et voilà... your turn now (until 31st January)!

Sunday 28 August 2011

concert review: post-rock season, part 3 featuring Mogwai

ah la la, mais quel bel hiver…
jamais l’hiver n’aura été autant synonyme de post-rock et de bonheur.


















heureux de vous les cailler, de voir le temps rester gris, de boire du thé sans vous arrêter, de vous coller aux radiateurs, d’empiler les pulls et d’être en amour avec votre couette.
et de visiter des salles de concerts chaudes bouillantes en portant des t-shirts légers réservés normalement à l’été !

nous sommes en mars, le 29 très exactement, et ce soir le groupe de post-rock qui s’invite au Huxley’s Neue Welt est écossais.

alors qu’ils semblaient avoir déjà tout dit, avec des albums et des EP peut-être trop nombreux pour être tous excellents, Mogwai se refait une santé et paf annonce la sortie de Special Moves en 2010, leur premier album live, s’accompagnant de Burning, un DVD tout aussi remarquable que certains morceaux de l’album.

bien bien, un live, qui fait aussi office d’énième compile en somme.
ça aurait pu s’arrêter là, mais à la fin de la même année, le groupe annonce la sortie de Hardcore Will Never Die, But You Will pour 2011.








leur septième album (hors live, musiques de film et compilations) arrive sur le nénuphar en grandes pompes, le crapaud se sépare de tous ses mp3 et achète tous les albums de Mogwai (dont l’excellent Government Commissions). finie la rigolade.

et le voilà ce soir, tout heureux d’être au Huxley’s, même s’il aurait préféré voir le groupe à la Postbahnhof, comme c’était initialement prévu.

RM Hubbert ouvre le bal avec sa guitare folk, et des textes un chouia mélancoliques et tristounes qu’il accompagne de douces mélodies.
il nous offre un moment d’apaisement, annonciateur d’une tempête de longues plaintes de guitares qui seront, elles, électriques.

le temps de remballer sa guitare et de vaguement réaménager la scène, et voilà Stuart Braithwaite, John Cummings, Barry Burns (guitares), Dominic Aitchison (basse) et Martin Bulloch (batteries), qui arrivent accueillis par des hurlements de batraciens déchaînés.

















leur set débute comme leur dernier album avec White Noise, un morceau qui commence gentiment pour s’encrasser rapidement d’une guitare torturée, pas très nouveau dans le répertoire mogwaïen mais juste un bon début.

évidemment, je pourrais ressortir les habituels poncifs des grincheux se disant chroniqueurs musicaux, du genre « pas assez novateur », « déjà entendu », « à quoi bon »…
ouais, et alors ? sur mon nénuphar nous n’en avons cure, ce qui compte c’est que ce soit bon. et si d’aventure on se prend à faire oui de la tête au rythme des guitares, de la batterie ou des crachats de son ampli, c’est gagné.

et c'est précisément l’effet que Rano Pano produit, un sacré morceau qui déchire les oreilles avec ses guitares saturées qui se superposent avec élégance et rage contenue.

White Noise
Rano Pano
Killing All the Flies
Death Rays
Hasenheide
How To Be A Werewolf
San Pedro
I’m Jim Morrison, I’m Dead
Mogwai Fear Satan
You’re Lionel Richie
2 Rights Make 1 Wrong
Batcat

Encore :
Auto Rock
Hunted By A Freak
Mexican Grand Prix


la réussite de ce concert (comme les albums de Mogwai en général) tient à deux choses : une setlist préparée et orchestrée avec soin, mélangeant intelligemment des morceaux du dernier album (même le très plat Death Rays passe bien) et des morceaux incontournables comme le formidable Hunted By A Freak, le tranquille I’m Jim Morrison, I’m Dead ou encore le bruyant Batcat (qui est décidément bien éloigné de la ligne post-rock). sans compter que le groupe est étonnamment communicatif pour dire qu'ils font de la musique de nerds.

si Like Herod ou le génial New Paths to Helicon Part I manquent à l’appel, le crapaud ne se tient plus aux premières notes de Mogwai Fear Satan, un morceau terrible qui joue méchamment avec votre rythme cardiaque.
des plages de calme infini (où Stuart Braithwaite caresse sa guitare avec une patience et délicatesse qui rendraient fou d’amour n’importe quel crapaud) jouxtent des guitares qui grondent et vous explosent les tympans usant (sans abuser) d’effets de distorsion magistraux. ce morceau là peut être mortel au casque, soyez prudent.

pour vous donner une idée concrète de Mogwai Fear Satan, jetez un œil à cette vidéo réalisée par Nathanaël Le Scouarnec (qui seconde le fabuleux Vincent Moon sur Burning).




vous remarquerez sans doute que non contents d’avoir un nom rigolo (sorti tout droit du film « Les Gremlins »), les Mogwai ont le secret du titre qui fait sourire ou rend perplexe, un de mes préférés étant I Love You, I’m Going To Blow Up Your School (un très bon morceau soit dit en passant).

Mogwai n’a peur de rien et surtout pas de Satan, nous l’avons vu.
c'est donc en toute bonne logique qu’il n’hésite pas à sortir des albums en se moquant bien du qu'en-dira-t-on, et en plus sur son propre label, Rock Action !

et puisqu’on en parle, le prochain EP Earth Division est annoncé pour septembre !
le premier extrait Get To France est en écoute ici.

on prendra soin de noter que ce morceau ne ressemble en rien à du Mogwai, alors on ouvre ses oreilles, on ferme les yeux et on se tait.

[© pictures from Mogwai’s MySpace or official Website]

Saturday 27 August 2011

concert review: post-rock season, part 2 featuring GY!BE




















cette année, le crapaud fête son anniversaire le 20 janvier.
un événement en soi, puisque ce n’est pas arrivé depuis… un peu plus de dix ans ou quelque chose comme ça…

bref, cette année, c’est la fête, même si personne n’est convié à me rejoindre pour la soirée qui s’annonce, car je crois que GY!BE est le seul groupe que je n’ai envie de partager avec personne… (en tout cas, personne ne se trouvant sur l’étang).

s'il est vrai que les canadiens ne sont pas restés muets ces dernières années, en publiant d'autres albums avec d'autres formations (ne serait que l'épatant Kollaps Tradixionales de A Silver Mount Zion paru en 2010), leur venue dans l'étang constitue un vrai moment d'exception.

après sept ans d’abstinence, Godspeed You! Black Emperor est à l’Astra et le crapaud est plus que jamais sur Jupiter ou quelque part par là-bas.

car se retrouver devant GY!BE, ça vous coupe les cuisses... pour preuve, mes pattes avant qui sont toutes moites.
autant que je me souvienne, mon premier (et unique) concert de GY!BE en 2003 a été une expérience unique car inoubliable : le seul moment de ma vie où je suis senti partir à un endroit non répertorié sur une carte, où ma tête s'est enfin mis en veille, où je me suis laisser perdre sans rien contrôler à aucun moment.









à la base, Godspeed représente l’association parfaite entre le violon, le violoncelle, la basse, la batterie, la guitare électrique et le tournevis.
multipliez par deux ou trois le tout (sauf pour les cordes) : deux batteries, deux à trois guitares, une à deux basses, deux à trois tournevis (le tournevis étant l'allié indispensable de la guitare pour la faire pleurer et prolonger la note à l'infini).
s'ajoutent parfois aussi une contrebasse, du glockenspiel, des claviers, de l'accordéon...

faites ensuite quelques boucles, superposez-les avec délicatesse, montez une chantilly hypnotisante et pas trop sucrée, appuyez doucement sur la pédale d'accélération, laissez votre cœur s'emballer gentiment, encore, un peu plus vite, jusqu'à l'explosion.
vous pouvez ensuite reprendre votre souffle, vous essuyer le front et prendre éventuellement une douche.

ce soir, devant vous : Efrim Menuck (guitare), David Bryant (guitare), Mike Moya (guitare), Bruce Cawdron (batterie), Aidan Girt (batterie), Mauro Pezzente (basse), Sophie Trudeau (violon) et Thierry Amar (basse/contrebasse).

et derrière vous : Karl Lemieux et une bonne tripotée de projecteurs (diffusant des boucles super 8).

ouvrez grand vos oreilles pour quelques morceaux durant entre dix et trente minutes, avec en ouverture un morceau encore jamais entendu, suivi un peu plus tard de Albanian, tout nouveau lui aussi…

Hope Drone
Gathering Storm
Monheim
Albanian
Chart #3
World Police and Friendly
Dead Metheny
The Cowboy

Encore :
Moya
BBF3


imaginez ensuite le crapaud tout conquis en voyant revenir le groupe pour les rappels, et devenant complètement enragé à la première note de Moya (suivi du magistral BBF3)… les deux morceaux de Slow Riot for a Zerø Kanada, le meilleur EP de l’histoire du post-rock, n'ayons pas peur de le dire !



si personne ne décroche un mot sur scène comme dans le public, l’intensité du moment présent est perceptible sur bien des visages. les lumières diffuses et intermittentes créées par les boucles super 8 nous plongent parfois dans le noir, prolongeant cet état de bien-être total difficilement atteignable sans prendre quelque stupéfiant.

chaque morceau est une tuerie sans nom, et pourtant quand GY!BE quitte la scène, nous offrant coucous de la main et autres gentils sourires, personne ne proteste et chacun s’éclipse sans demander son reste.

tout le monde est cuit.

les lumières se rallument alors brutalement, le retour sur terre n'est pas très agréable.
je retrouve mes esprits pour quelques minutes et bondis, dans un état de fébrilité complet, sur une grenouille accompagnée de son petit-têtard (qui a fini par se boucher les oreilles sur The Cowboy tellement c’était violent pour un jeune têtard…), lequel s’amuse de me voir si ému.

trouvant péniblement mes mots, je lui demande si elle peut prendre mes coordonnées et m’envoyer les films qu’elle a faits pendant le concert… même si je me doute du piètre résultat des films, vu la faible luminosité…
je m’étonne moi-même d’aborder quelqu’un de la sorte, mais bon, voilà.









je continue à roder un peu dans la salle, peinant à retrouver le chemin de la sortie (c’est tout droit). je m’approche timidement du stand où s’attroupent batraciens de tout poil, et mes yeux croisent alors ceux de Mauro Pezzente qui est là, tranquillou en train de vendre posters et t-shirts (d’ailleurs tout le groupe, ou presque, est là).

je contiens difficilement mon trouble alors que nous échangeons quelques mots. ah la la, pourquoi partir, pourquoi ?!

je rejoins lentement mon nénuphar, toujours ivre de bonheur. à quand le prochain concert ? et le prochain album ?

les choses se sont d'ailleurs quelque peu précisées depuis et l’agitation est à son comble sur l’étang.

©pictures from GY!BE’s MySpace

Saturday 4 June 2011

concert review: post-rock season, part 1 featuring Codes In the Clouds

l'hiver est la saison préférée du crapaud. la saison où froidure et mélancolie ne font qu'une. la saison où le crapaud se plaît à être seul sur son nénuphar, avec les albums qui le font pleurer à coup sûr sur sa platine, et qu'il emporterait sur une île déserte (sous réserve qu'il fasse -20°C sur la dite île).
l'hiver est là, le crapaud est ivre d'un bonheur incommensurable à chaque écoute de SlowRiotForNewZeroKanada. le son est à fond et le voilà prêt à s'abandonner à Woland et à Béhémoth.

la grand messe commence un matin, par hasard, un mardi pour être précis, alors que le crapaud est morose et en plein travail. il a alors la bonne idée d'allumer ByteFM, sa radio adorée.

le son crache juste ce qu'il faut pour donner l'impression au crapaud d'être accompagné. c'est alors que ce dernier se surprend à dodeliner de la tête et à tapoter du pied. diable qu'est-ce que c'est que ça ?... deux raccourcis clavier, quels clics et le voilà qui bondit sur son siège.

les fabuleuses guitares qui lui chatouillent délicieusement les esgourdes sont celles de Look Back, Look Up, un titre de Codes In The Clouds qui se produit le soir même sur l'étang, dans le club où le crapaud a toujours eu envie d'aller... le Bang Bang Club, rebaptisé d'ailleurs Levee Club.

nous sommes le 18 janvier 2011, le crapaud est, comme à l'habitude, insupportablement excité : son premier concert de l'année, et le premier qui se décide du matin au soir.
devant l'impossibilité de trouver l'heure exacte à laquelle le concert débute, il arrive au Levee inquiet, et couillon de se sentir inquiet de potentiellement avoir pu déjà raté le concert. ben, non, on ne se refait pas, mais je me soigne, merci.

une toute petite salle, toute jolie, et toute vide ! le crapaud est confiant, des énergies positives fusent de partout alors qu'il se descend sa première glute. et puis ça se remplit inévitablement, assez peu de crapauds, plein de grenouilles, de tous les âges.

je me demande vraiment ce qui m'attend, puisqu'un piano trône sur la scène, et sur le dit piano, une lampe de chevet. et voilà Carlos Cipa qui grimpe sur scène, avec son papa qui est devant et qui arme son camescope...
s'il assure comme il faut derrière son piano, Carlos Cipa est tellement mort de trac (justifié sans doute pas la présence du papa), je rentre difficilement dans ses compositions qui sont pourtant de qualité. impitoyable, j'observe, l'œil goguenard, la lampe de chevet qui tremblotte.
où sont les Codes In The Clouds ?








décidément touchant, Carlos Cipa sort de scène en nous remerciant chaleureusement. en quelques minutes, le plateau change de configuration, le crapaud trépigne et s'avale une seconde glute.
Liger s'empare à son tour de la scène, avec une guitare électrique et un micro. ça aurait été mieux de se limiter à la guitare. car si ses compositions musicales conviennent parfaitement à ouvrir le bal une deuxième fois, la guitare étant plus proche du post-rock que le piano, lorsqu'il se met à chanter, on a mal pour lui et on en vient à prier je ne sais pas quel dieu que cela s'arrête, et vite.
son set est interminable, le crapaud commence à se maudire de son éternelle spontanéité musicale.
où sont les Codes In The Clouds ?








la scène se vide. la salle se remplit. je prends mon mal en patience sans savoir trop à combien de bières j'en suis, lorsque, eventually,
Jack Major (batterie), Stephen Peeling, Ciaran Morahan, Rob Smith (tous trois à la guitare), et Joe Power (à la basse) arrivent sur la scène. voilà Codes In The Clouds.
ces jeunes anglais hébergés chez le (formidable*) label indépendant Erased Tapes dégagent une sympathie toute simple et communicative. ils aiment leurs guitares, ça se voit. dès la première note, la puissance et la chaleur post-rockienne envahissent la salle.

le son est parfait, j'ai presque l'impression d'avoir un casque sur les oreilles. on entend chaque note de guitare, bon sang. le crapaud identifie rapidement le Jonny Greenwood (un label de qualité imparable) de la bande, qui joue avec ses lignes et ses pédales, et donne au groupe une fraîcheur incroyable. les boucles s'enchaînent et se superposent, tout doucement, la crème épaissit petit à petit, la batterie quelque peu sèche accélère et donne le top, la chantilly monte, jusqu'à l'explosion qui, pareil à une petite mort, ne sait si on doit se sentir au comble du bonheur ou au comble de la tristesse de voir un morceau prendre fin.

en plus, je ne sais pas comment vous expliquer. je suis médusé, comme transi, devant Codes In The Clouds. non seulement,ils sont super sympa, mais en plus, la façon qu'ils ont de caresser leurs guitares me met dans un état pas possible. leur post-rock est résigné, minutieux, dégageant des notes presque joyeuses, dynamisantes. comme si, pour la première fois, ce rock d'après s'éloignait de l'habituel spleen, cher au crapaud, et qu'il communiquait une force jamais connue.













tous les morceaux sont bons, tous. je suis tellement enivré que je ne sais même plus s'ils ont joué celui qui m'a fait venir ici ce soir, et peu importe.
loin de réinventer le genre musical, ce jeune groupe en propose simplement une interprétation passionnée et forte de convictions. les morceaux n'ont pas besoin de durer vingt minutes pour être éclatants. l'excitation est perceptible autant sur la scène qu'en dehors, plus personne ne tient debout quand le groupe fait mine de s'en aller, pour revenir encore pour quelques morceaux.

le concert se termine, le crapaud titube de bonheur et se dirige vers le stand pour faire siens les albums du groupe. il s'entretient alors pendant de longues minutes avec un autre féru de post-rock et celui qui tient le stand. le crapaud est comme transformé, sa timidité s'est envolée et il converse à tout rompre. il sent son cœur se serrer, parce qu'il sait que le carrosse va bientôt se transformer en citrouille et qu'il va falloir rentrer. il n'a pas envie de partir, il aime bien discuter avec cette charmante grenouille qui lui offre un poster du groupe avec les cd qu'il vient d'acheter. mais voilà que sonne le glas, le crapaud s'en va, bien que quelque chose le retienne à l'intérieur, ou peut-être quelqu'un. il ne tardera pas à comprendre, alors qu'il hésite à revenir à l'intérieur, que l'objet de son trouble n'est autre que la tête pensante du label du groupe...
allez, avant de tirer ma révérence pour cette première partie, un petit teaser (réalisé par Erased Tapes) pour vous mettre en appétit :

 
(*pourquoi formidable ? jetez juste un œil à l'élégance et au soin apporté aux pochettes de disque, et vous verrez de quoi je parle !)

pictures from Codes In The Clouds' MySpace and Dan Giannopoulous]

Thursday 2 June 2011

concert review: Jóhann Jóhannsson (Volksbühne, 26/09/10)

ça a commencé par un quiproquo, le genre que j'affectionne particulièrement.
la grenouille phacochère me demande un jour si je vais le 26 septembre à la volksbühne et moi je réponds que, non, j’y vais le 12 octobre.
- pourquoi, y’a quoi le 26 ?
- et y’a quoi le 12 ?
- othello mis en scène par ostermeier.
- ah bon, à la volksbühne?
- ben oui (…)
un ange passe, la connexion avec le monde réel s’établie brusquement… juicy frog, can you hear me?
- euh, tu as dit la volksbühne ?…
- ben oui ! tu as vu qui vient ?
- non, attends… www.volksbuehne-berlin.de
arghhhh…. !!!! tu as des places ?
- pas encore, j’allais réserver…
- je m’en charge...
une minute trente après, les billets sont réservés. la grenouille phacochère, la grenouille badiouiène et le crapaud seront de la partie.

nous voilà donc un dimanche soir. à la volksbühne, donc…
il pleut des cordes, l’automne est là (et je l’ai connu plus gai), l’humeur n'est pas à la gaudriole. c'est doux et humide, le crapaud est tout heureux.
on n’a pas fait exprès d’avoir un temps pareil, mais il se trouve qu’il ne pouvait pas être plus adapté…

car ce soir, les heureux batraciens de la mare passent la soirée avec Jóhann Jóhannsson, un compositeur islandais qui vous noue la gorge en moins de deux minutes par la beauté de ses compositions. ses morceaux sont aériens et chauds, même s’il lui arrive aussi de vous faire dodeliner de la tête comme si vous écoutiez un morceau endiablé.

du piano, des cordes, des touches d’électro pour la base.
et puis aussi parfois tuba, trompette, batterie, glockenspiel, orgue…
et puis des voix aussi, des choeurs d'opéra...

ce fabuleux compositeur est fondateur et membre d’un groupe sympa mais sans grand intérêt aux yeux du crapaud appelé Apparat Organ Quartet : cinq musiciens qui essaient d’imiter Kraftwerk derrière leurs synthés, sans y parvenir vraiment.

aujourd'hui Jóhann Jóhannsson est désormais connu et reconnu pour ses compositions classiques et expérimentales, ainsi que ses nombreuses collaborations avec le cinéma, le théâtre, ou encore la danse.

et ce soir, il est en formation classique et s’accompagne pour l’occasion d’un piano, d’un quatuor à cordes et de deux portables avec un fruit qu’on mange volontiers à cette saison.
mais avant d’avoir le bonheur de se plonger dans l’univers johanssonnien, laissons la place à Lonelady. un trio guitare, batterie et clavier qui, autant le dire tout de suite, n’a vraiment rien à voir avec l’artiste qui suit. du rock de Manchester, signé chez Warp. bien, bien.




















Julie Campbell donne de la voix tout en gratouillant (avec un certain talent) ses cordes de guitare à la PJH* (dont elle n’a, malheureusement, ni la voix, ni le sexe à (john) pile), Andrew Cheetham à la batterie (une merveille pour les yeux et les oreilles) et Gareth Smith au clavier et une batterie analogique, oui enfin, juste un pad (le même genre que celui utilisé par Geoff Barrow sur Machine Gun), qui a lui tout seul a égaillé la soirée !

(*le crapaud a honteusement conscience de ses allusions répétées à Polly Jean Harvey. il va essayer de se trouver un autre gourou pour les prochaines chroniques...)

























il faut dire que Gareth Smith ne sourit point. les autres non plus, d'ailleurs, sauf que lui en plus, il dégage une certaine antipathie. il donne en outre franchement l’impression de s’ennuyer mortellement sur tous les morceaux. plusieurs fois nous pouffons de rire tant sa mine et sa passion sont débordantes !
sans compter que certains morceaux gagneraient justement en profondeur et en musicalité, s’ils se limitaient à un duo guitare/batterie.

les morceaux de Lonelady ne sont pas mal du tout, de bons rythmes bien entrainants, des sons rageurs, des mélodies plutôt soignées, c’est tout simplement dommage qu’on ne soit pas venu écouter ce genre de musique. surtout assis... !

en tout cas, s’ils n’ont pas ouvert la bouche pendant tout leur set, Julie Campbell nous salue en partant. et comme on comprend « bonsoir » et « good evening », les spéculations vont bon train : sont-ils anglais, allemands, non ils ne sont pas français… belges ? oui, belges pourquoi pas ! ha ha ha, belges de Manchester !!

place maintenant à Jóhann Jóhannsson.





















s’il a pas mal changé physiquement, il arrive comme à son habitude sur scène. discret et à pas de loups, sourire franc mais timide, costume impeccable. ses doigts se posent sur un des portables pendant que le quatuor s’installe, trois violons et un violoncelle. un souffle sonore envahit alors la salle.

un film noir et blanc, dans l’esthétique de la pochette de son dernier album And In The Endless Pause There Came The Sound Of Bees, qui est en fait la musique du court-métrage d’animation Varmints de Marc Crastle, dont voici un petit extrait pour vous mettre l’eau à la bouche :

Rainwater

sur ce dernier album justement, il délaisse les voix synthétiques au profit de chœurs fantastiques qui convertiraient en moine fervent n’importe quel crapaud athée.

dès la première note de violon, le crapaud s’envole loin de la vase malodorante de son étang pourtant bien propret… place à l’apaisement, au recueillement, aux larmes de bonheur.

les morceaux choisis ce soir sont principalement extraits de son tout premier album Englabörn, découvert sur les routes d’Islande après un passage chez 12 Tónar, il y a quelques années… le crapaud sent sa gorge se serrer méchamment…
















… car il se revoit d'un seul coup, découvrir des morceaux accompagnant parfaitement le paysage qu'il a devant ses yeux éberlués et médusés par la beauté, lui faisant oublier le bruit du moteur.
vous êtes méchamment ému, vous ne savez pas pourquoi. c'est beau, c'est juste beau et vous n'avez jamais vu ça auparavant.

quand Salfraedingur démarre, les yeux de la grenouille phacochère et du crapaud se croisent, la mélancolie s’installe, les souvenirs ressurgissent l’espace de quelques secondes, jusqu’à ce que l’on soit définitivement happé par la mélodie et cette impression de partir on ne sait où, mais là où on sera bien.

personne ne bouge dans la salle. une petite centaines d’yeux fermés, tous batraciens confondus. on en oublie même parfois d’applaudir entre les morceaux. à moins que cela relève plutôt du crime de lèse majesté que de briser l’harmonie qui se dégage de la scène.
d'ailleurs plutôt que de continuer à palabrer, isolez-vous quelque part, branchez un casque si vous en avez un, ouvrez grandes vos oreilles et cliquez par ici :

IBM 1401, a User's Manual Part I - IBM 1401 Processing Unit

ici

Englabörn

ou encore .

j’espère que vous serez transporté aussi loin que le crapaud.
si ça vous dit, on peut se retrouver quelque part aux alentours du Jökulsárlon. ou au pied de Krafla. ou du Snaeffelness. ou n’importe où, pourvu que ce soit là bas.
avec Jóhann Jóhannsson dans les oreilles.

[©pictures: Lonelady’s and Jóhann Jóhannsson’s websites]

concert review: Ninja Tune XX (Astra, 24/09/10)

ouh la la, comment vous dire ?
le bonheur de faire découvrir un groupe à des amis batraciens, la joie d'aller à un concert ensemble, l'honneur de voir des potes vous faire suffisamment confiance pour vous suivre les paupières closes.

ouais, c'est tout ça réuni qui s'annonce à l'Astra.
le crapaud est excité à fond les ballons (puissance 8 sur l'échelle de kermit), arghh, deux soirées Ninja TuneXX pour les vingt ans du label londonien, chéri par le batracien pour diverses raisons dont la principale tient en deux mots : The Herbaliser.






















jusqu'à Take London, et avant de passer chez !K7, les Herbz étaient des ninja, tout comme (entre autres) Colcult, DJ Food, DJ Vadim, Bonobo, Roots Manuva, Kid Koala, Antipop Consortium, Fink, Lou Rhodes, Andreya Triana... et the Cinematic Orchestra !
Ninja Tune c'est aussi l'excellente compile Xen Cuts qui rythme parfois les dimanches du crapaud alors qu'elle conviendrait mieux à un samedi soir endiablé.

bon enfin, bref, ce soir c'est la méga teuf, le crapaud attend ça depuis des semaines.
voir Bonobo, Andreya Triana et surtout The Cinematic Orchestra, ce groupe qu'il ne partage avec vraiment pas grand monde, allez savoir pourquoi.



















un groupe à formation variable avec Jason Swinscoe à sa tête, responsable machinerie et orchestration. de l'électro, du jazz, des samples, parfois des voix. très cinematic.
d'ailleurs, après Motion, leur premier album en 1999, le groupe s'est fait remarqué la même année pour leur participation à la cérémonie de la Director's Guild of Great Britain rendant hommage à l'oeuvre de Stanley Kubrick.
et en 2001, The Cinematic Orchestra reçoit une commande de la ville de Porto, alors capitale européenne de la culture : sa mission ? écrire une bande son pour accompagner le (excellent) film de Dziga Vertov, Man with a Movie Camera, datant de 1929.















et cet album du groupe est, de la première à la dernière note, vertigineux.
je reste malgré tout plus circonspect, lorsque que le groupe s'entoure d'interprètes pour mettre des mots sur sa musique. autant la voix de Fontella Bass et Lou Rhodes se prêtent harmonieusement à Ma Fleur, leur dernier album, autant celle de Patrick Watson ramollie les morceaux (malgré toute l'estime que le crapaud à pour Patrick Watson).

mais bon, ce soir, on s'en fiche, ils sont là, c'est tout ce qui compte.
lorsque j'arrive avec la grenouille belgo-suisse, le crapaud qui ne regarde pas les films en VO et sa grenouille taciturne, j'ai du mal à contenir mon excitation.

les murs de l'astra sont recouverts des pochettes des disques, format vinyl, qui ont fait l'histoire du label ; un set électro résonne dans la grande salle (des DJ sont sur scène, sans doute Delfonic et Dorian Concept), il fait chaud, la bière est fraîche.
je reste avec ma grenouille belgo-suisse, pendant que les autres vont s'asseoir « en attendant que ça commence » (ça a commencé, mais bon, personne ne semble prêt à se bouger les cuisses sur de l'électro à cette heure).

Andreya Triana arrive alors sur scène suivie de près par monsieur Green-Bonobo qui s'empare d'une contrebasse. je suis très intrigué de les voir, car je trouve vraiment que son premier album Lost where I Belong est une parfaite réussite. sa voix est délicieuse, intelligemment posée sur chacun des morceaux, la production de Bonobo est impeccable, les rythmes jazz fleurent bon, oui vraiment, c'est un album très agréable.

















la production justement, ce soir il n'y en aura pas. Bonobo ne peut pas être au four et au moulin. et bien qu'il soit un sacré contrebassiste (entre autres), que la voix d'Andreya soit parfaite et que Fink les rejoigne à la guitare, le concert ne décolle pas une seconde. les morceaux s'enchaînent sans intérêt, l'ambiance est au point mort. les mélodies sont agréables sans même accrocher l'oreille. pourtant je le connais presque par cœur son album, c'est fou.

sans compter que là où nous sommes placés, c'est une véritable autoroute. pas moyen d'être tranquille, crapauds et grenouilles vous bousculent sans cesse, soit pour aller au bar, soit pour sortir fumer un clope (même si, un clop, ça peut faire exploser un batracien !).

alors quand le concert se termine, je n'ai qu'une envie, rentrer dans mon étang et mettre le disque sur ma platine. mais bon, on sort nous aussi s'en fumer une et retrouver les copains.

et lorsque vient le moment de revenir dans la salle, je guide tout le monde, là où j'ai l'habitude de me placer quand je viens à l'astra, idéal pour les crapauds qui (dans leur jeunesse) ont rechigné à manger de la soupe. la vue est plus ou moins dégagée, et en plus personne ne remonte à contre-courant. c'est bon de ne plus voir tous ces saumons vous arriver dessus...

c'est à ce moment précis que la surprise se produit. quel étonnement, ah ça oui, ami lecteur, de voir arriver sur scène Lou Rhodes pour vingt petites minutes d'enchantement, car le crapaud avait accessoirement oublié qu'elle était aussi chez Ninja Tune !

















si sur disque, sa jolie voix rocailleuse ne lui provoque pas grande émotion sans Andy Barlow, son pote de Lamb (un groupe de trip-hop, jazz, dub, drum and bass, comme il se dénomme) sur scène, c'est autre chose. ce ne serait pas mentir que de dire que, ce soir, elle ensorcèle l'auditoire en un seul et unique morceau. accompagnée d'une simple guitare folk, elle nous fait oublier que Ninja Tune est un label électro, tout est douillet et harmonieux, qu'on est bien.

si Lou Rhodes se la pète méchant, on lui pardonne, après tout, elle a les atouts pour le faire.
pour vous donner une idée du travail de Lou Rhodes, écoutez cette très belle reprise de Satellite qu'elle a faite d'Elliott Smith.

le crapaud rêve déjà de l'entendre avec les Cinematic Orchestra, puisque c'est elle qui clôture (en beauté) Ma Fleur. (même si elle ne lui fera pas ce plaisir, peu importe.)

alors, lorsque monsieur Swinscoe arrive sur scène avec sa casquette, le crapaud a envie de bondir comme un diable en cage. Patrick Carpenter rejoint ses claviers, Tom Chant s'empare de son saxo (qu'il échange parfois par une trompette), Nick Ramm est au piano, Stuart McCallum à la guitare, Phil France à contrebasse et Luke Flowers à la batterie.

































je dois bien avouer que je dois oublier quelqu'un mais ils sont si nombreux sur scène que j'ai du mal à m'y retrouver !
la grâce même s'empare de la scène lorsque l'excellente Eska Mitungwazi apparaît sur All that you Give.

















ne connaissant pas spécialement les titres des morceaux des Cinematic Orchestra, je suis en peine de vous donner une setlist, mais je peux surtout vous dire que le crapaud, bien que se retrouvant assez vite seul (tous ses crapauds et grenouille amis le laissent en plan), va s'éclater comme un fou.

je reconnais quand même All Things to all Men (mais sans Roots Manuva !), Child Song, Music Box, Familiar Ground, Flite et surtout Work it!, ce morceau tonitruant de A Man with a Movie Camera que je vous propose d'écouter sans plus attendre :


j'en oublie presque que mes potes m'ont abandonné, les lâches ! je me dis que vraiment, jamais je n'arriverai à trouver quelqu'un qui accroche à la folie cinématique de cet orchestre. mais ça m'est bien égal, car vraiment je n'aurais jamais espéré avoir la chance de les voir un jour. si bien que je rentre dans mon étang, heureux et sautillant.

n'empêche, le lendemain, alors que je trépigne de me rendre à la seconde partie du festival, la vraie soirée électro, à l'Icon en plus, j'apprends par sms que finalement personne ne m'accompagnera. je vais donc me coucher la mort dans l'âme et râgeur en pensant à DJ Food, Bonobo et Kid Koala qui doivent être là...