Saturday, 23 October 2010

concert review: White Rabbits (Magnet Club, 01/06/10)

le crapaud trépigne en achetant son billet.
car il seront tous seuls, oui, tous seuls au Magnet.
et le crapaud veut être tout devant cette fois, pour en prendre plein les oreilles et les mirettes.

tout s'annonce pour le mieux dans le plus beau des étangs. la grenouille batteuse et la grenouille phacochère sont de la partie.

la nervosité du crapaud est malgré tout palpable en arrivant à la nouvelle adresse du Magnet Club, cette toute petite salle magique, fabuleuse, qui l'ensorcela pendant le concert des Dodos. une nouvelle adresse donc, mais avec presque la même configuration qu'avant, on ne devrait pas perdre au change, merci jésus des batraciens.

les dits batraciens prennent place devant la scène, stratégiquement installés, légèrement sur la droite. dans moins d'une heure les lapins seront là. une belle soirée entre bestioles.

les White Rabbits sont de retour à berlin, tout seuls cette fois, alors n'espérons même pas croiser un joli regard bleu...

installez-vous confortablement, vous voilà, vous aussi, au Magnet...

pour vous mettre bien dans l'ambiance, sur la scène se trouve divers instruments divers et variés, avec en premier plan un clavier et une... harpe ! les grenouilles et le crapaud ricanent sous cape et se lancent un regard tout autant apeuré qu'amusé en voyant des ombres monter sur scène.

une des choses se met en position derrière la harpe. elle est suivie par une autre chose qui est au clavier. les deux trucs sont habillés dans des vêtements un peu glitter, moulants, dans de jolis tons, le bon goût assuré.

il faudra supporter le premier morceau pour apprendre que nous avons la chance et le bonheur ce soir d'avoir devant nous Active Child. pourrait-on nous indiquer la sortie de secours, s'il vous plaît ?!


Pat Grossi est donc à la harpe, il chante très haut, bien qu'il soit loin de vous donner le frisson comme Jónsi (ndr : le chanteur de Sigur Rós) peut le faire en moins de trois secondes. pendant ce temps, le copain de Pat joue des rythmes électro fleurant mauvais (ou bon, c'est selon) les années 80.


il est très tentant de quitter la salle. mais le problème, c'est que si on part maintenant, on pourra très certainement se gratter pour avoir des places pareilles pour les lapins. alors on souffre, en silence, et on essaye de prendre ça à la rigolade, même si ça fait mal aux oreilles.




heureusement ça finit par s'arrêter et ça commence à sentir le lapin. c'est tout doux. la scène est minuscule et rappelons que les lapins sont quand même au nombre de six et qu'ils ne tiennent pas dans un chapeau.

le piano est juste devant le crapaud. Stephen Patterson va pouvoir brailler et s'exciter sur son piano, là, oui, juste devant le crapaud. tiens ben d'ailleurs le voilà, alors qu'une tribu de crapauds se trouvant à mes côtés commence à hurler comme à la saison des amours. je détourne rapidement mes yeux de la scène pour comprendre... les hystériques sont des têtards, bigre, ils sont venus en nombre !

pendant ce temps, Greg Roberts (guitare/chant) se place sur la gauche de la scène, mais c'est presque comme s'il était devant nous. Brian Betancourt (basse) s'installe entre le piano et les deux batteries de Matt Clarck et Jamie Levinson. Alex Even et sa guitare se positionnent au milieu. ben dis donc, on est drôlement près, c'en est presque intimidant... Stephen Patterson nous fait un sourire gêné rien que pour nous, ben oui, forcément on joue presque avec lui. la lumière s'éteint, les crapauds frémissent en silence pendant que les grenouilles retiennent leur souffle.

dès la première note, les frissons laissent place à l'incrédulité. c'est quoi ce son sorti des cabinets ?

nous sommes médusés. oui, on entend parfaitement le piano et une des batteries. mais... mais, où sont les guitares et la basse ? et les voix (heureusement que Patterson chante bien fort en ouvrant bien grand la bouche), on est près, on est beaucoup trop près, FFS !

une fois le désappointement ravalé, le crapaud décide que ce n'est pas une raison pour faire la tronche. après tout, rarement il aura la chance d'avoir l'impression d'être sur la scène avec un groupe qui le rend heureux à ce point.
alors on détend et on fait un joli sourire à Patterson, dont la voix, et la bière, font bien vite oublier au crapaud sa mauvaise humeur passagère. quel grognon ce crapaud, vraiment.

la bière de Stephen Patterson. alors, soyons clair, ce jeune homme assure comme une bête au piano (entre autres). en revanche, il ne sait pas, mais alors vraiment pas boire une bière. il saisit comme une brute la bouteille, la porte à sa bouche à la fin du premier morceau, la repose comme un bourrin, la mousse grimpe, il en a plein les mains – y'en a plein les câbles aussi – il s'essuie comme il peut et attaque Rudie Fails un brin stressé. à la fin du morceau il cherche sa bière de la main, la trouve, la porte à sa bouche, ça mousse de partout, il la repose, la bouteille chavire sur les câbles. on se marre au premier rang. le crapaud tend sa main, relève la bouteille, tandis qu'un autre crapaud passe des mouchoirs pour éponger les câbles.













pendant The Plot, Patterson n'en peut plus de cette bière qui mousse, surtout que les lapins enflamment l'assistance avec leurs morceaux qui rendent fous et il fait chaud. ça donne soif. alors il prend la deuxième bouteille qu'il a à proximité. et ça recommence, il avale une gorgée, ça mousse, il en a partout, il pose la bouteille légèrement excédé, il la renverse. le crapaud la relève. il a de la bière partout autour de lui. et le crapaud est au comble du bonheur... car Patterson joue et tape furieusement du pied... entre deux morceaux, il finit par se rendre compte de l'état de ma robe (je suis un crapaud coquet, je mets des robes). il me jette un regard piteux, et j'entends « sorry » sortir de sa bouche. je m'entends lui répondre « my pleasure ». ah qu'est-ce qu'on rigole !

sinon, à part la bière, rien, rien, absolument rien n'est à jeter chez les White Rabbits. des guitares dansantes et mélodiques (quand on les entend), des batteries qui réveilleraient une grenouille momifiée depuis des siècles. un piano qui rend heureux puis fou et des chants qui se superposent et se complètent avec justesse.

les morceaux sont très (sans être trop) rapides mais bien ficelés. on ne perd pas de temps à discuter avec le public, après tout, les lapins ne sont pas là pour ça. Percussion Gun déchaîne les batraciens, avec ses deux batteries enragées (le regard dans le vague et légèrement hypnotisé d'un des batteurs inspire par ailleurs une certaine crainte à l'assemblée).













They done Wrong/We done Wrong laisse place à une délicieuse mélodie à la guitare, à un piano moins grave mais au combien remarquable et à des batteries plus discrètes. les premières notes de Lionesse donnent lieu à une douce frénésie générale avec ses notes de piano complètement dégénérées et entêtantes et des guitares très spooniennes. les mêmes guitares oscillent entre douceur et déchaînement sur Midnight and I tandis que la voix presque plaintive de Patterson nous enveloppe avec une certaine sensualité.

je vous laisse décoder la setlist, gnarf, gnarf, gnarf !

















lorsque la dernière note de The Salesman (Tramp life) retentit,

le désespoir est général.
on ne veut pas partir, on vous aime les lapins (et pas seulement à la moutarde)... ça croasse fort dans la salle.
mais alors que la lumière jaillit, la main du crapaud se tend une dernière fois sur la scène et s'empare de la setlist sous le regard incrédule des têtards...


©Active Child and White Rabbit's pictures from their respective MySpace

©Andrew Droz Palermo for Percussion Gun's pictures

Sunday, 3 October 2010

at home with sophia (NBI Club, 16/05/10)

on a dull day, as you're surfing on the net, someone makes you an offer you can't refuse...

Robin Proper-Sheppard offers you to be at home with Sophia... how could you expect your heart to remain quiet once the excitation arouse without control? especially when you're a fan of Mr. Proper-Sheppard, a well-tempered guy and ex-member of the God Machine.

and probably one of the frog's favourite songwriter.

for Robin's lyrics aren't just words thrown in the air that move you to tears.his interpretation either on your stereo or live is just amazing. such a fucking emotional moment.

your frog fell in love with Robin's lyrics in 1997, while listening to Fixed Water for the very time. a poignant and affecting album comprising eight wonders full of melancholy, bitterness, sadness and grace, among which is it any wonder, I can't believe the things I can't believe, so slow...

a year later came The infinite Circle and the splendid, magnificent directionless, bastards, the river song, if only...

how can i put it? Sophia moves me, touches me like no other band. when i hear Robin's singing about his new relationship failure, about his life disbelief, about the dead of a friend, i just feel like he's been part of my life for years. through his albums and concerts, i follow his life, his very personal life, his inner side, for he keeps repeating in interviews and concerts that, true, his texts are only about what happens around him, about his fucking life.












another reason why i like Robin Proper-Sheppard's humour and cynicism is simply because he's the only guy i know who has a “fuck” feature included! i've never tried to count them, but this lovely word may be one of his favourite when he's angry. or not angry. and Robin is not only a very talented songwriter but also an excellent guitarist and a fucking amazing entertainer...

for god's sake, Robin Proper-Sheppard is offering ME to be at home with Sophia. i can already feel some gooseflesh erecting on my batrachian's skin...

for this special event, i asked both the storyteller toad and the wild-boar toad to join me. we arrived pretty late, all three of us, at the NBI Club, a new concert venue in the Kulturbraurei. i'm a bit tense for i don't know the place and don't fucking know either how many people are supposed to be already here. i want to be close to Robin, don't want to see him from a shithole.

and to my very surprise and disappointment, the NBI Club is a very small concert hall dedicated to around 150 people... and most of the chairs are already busy or booked. fuck it!

i try to keep calm, stay in good mood, and just make my mind, saying that we aren't that far, after all... i'm fucking nervous, for god's sake.

nevertheless, all of a sudden, the frog enters the twilight zone and sees some other frog in front of the stage, first row, who is waving in their direction. it takes me a little while to realise that this frog is actually waving at the storyteller toad. who waves in return and leaves us to have a chat with this mysterious frog. a few minutes later, the storyteller toad is calling at us, encouraging us to come closer to the front of the stage. what a masochist moment... being so close of the stage, gazing lovingly at the few scattered places which are still free at the first and second rows! how cruel!

suddenly, my eyes meet some other frog's eyes. the frog looks at me with a great surprise and says: “aber hallo, wie geht es dir?!” the juicy frog is a bit stunned, fuck, how's this?! my brain establishes a quick connection to the real world, mayday, beware you’re now leaving the twilight zone. eventually, i hear my own voice says: “unglaublich, du bist!”. you'll notice in passing that i didn't really answer the question, but never mind, who cares?!

i know this frog, who knows the storyteller toad's frog. the wild-boar toad seems amused and doesn't understand a word of it. who's who? but nobody actually care for the three seats left have been reserved for... us! damned, i knew it, we, frogs, do have a god!

i now sit directly on the first row. i'm still stunned. unable to speak or say anything. just feeling merry, already happy... after a short chat with the frog i know (who's actually the mother of my storyteller toad's frog), i decide to organise a possible setlist in my head. but my brain's too impatient. i observe the stage: the set decoration is similar to the There are no Goodbyes' design.




at the back stands a panel covered with a flower wallpaper, in beige and rosa shades. on the left, a tape recorder (an old one type, like the ones we used to have at school, when we were still tadpoles) which is playing some music. and on the very front of the stage, a wonderful condenser microphone (neumann's style) equipped with a pop filter.

Robin, when are you arriving? i'm not the only one to be dying to see him. after a long while, impatience is clearly growing within the audience. long minutes passed by until we see two elegant shoes and a folk guitar leap on the stage. Sophia is on the stage. we're at home with Robin Proper-Sheppard.










i can feel the hairs erecting on my skin and filling me with joy and happiness as he just says “hi”.

it doesn't take him long to thank us for not having sent any song requests via email dedicated to the evening setlist. i questioned my wild-boar toad with a disbelieving glance, fuck, i didn't know about that. i immediately concentrate and decide that i'd have asked him to play Lost and Something. but it's fucking too late, stupid me...

never mind, the setlist he composed for us is just perfect...

















i won't detail you this incredible and magnificent evening. Robin Proper-Sheppard's performance is perfect, as usual: amazing and moving voice, perfect guitar and melodies, excellent and hilarious jokes, a few bunches of “fuck”, “fucking”, “what a fuck”, irony and self-critic. tonight, Robin is bitter to tell us that his story with Astrid is over... they apparently had a kind of argument, and as he left, he only felt half sad, for he was sure she would text him to apologise or ask him to come back. but she didn't.









but even in such a moment, Robin Proper-Sheppard’s black humour is able to make you laugh about it. he's simply the best guy who put words on your own feelings in the most desperate moments.

i wish i could explain him that girls aren't that complicated. but would he believe a frog?

©Francesca Fiorini, for pictures of Sophia in concert

©Sophia's website for at home with Sophia's panel and Sophia's Myspace for Robin Proper-Sheppard's portrait

Sunday, 26 September 2010

the weekly barometer (ninja XX's special)

1. Mr Holmes - The Herbaliser
2. Work it! - The Cinematic Orchestra
3. Boogieman - Coldcut
4. A town called obsolete- Andreya Triana
5. Konfusion - Skalpel

Sunday, 11 July 2010

We were promised Jetpacks vs. The National (Lido + Astra, 24/04/10 + 09/05/10)

allez, remettons le couvert et tentons une nouvelle fois l'expérience.
comparer l'incomparable.

brooklyn.

batraciens d'âge moyen voire plutôt avancé, très mélangé et détendu, un public de fans, mais pas seulement. des crapauds et des grenouilles tout mélangés. un de ces publics qui n'hésite à resserrer les rangs quand le noir se fait. quitte à vous empêcher de respirer. la salle est pleine à craquer. on sent l'impatience grandir. on transpire déjà.

edinburgh.

on se croirait à un congrès de têtards boutonneux. moyenne d'âge avoisinant la vingtaine, peut-être vingt-cinq ans. ça rit grave et fort. on sent bien que ce soir, c'est le soir ou jamais pour se la donner à fond. la salle se remplit doucement. les batraciens se regroupent peu à peu à l'avant de la scène, sans aucune timidité.


Dupec vs. Buke & Gass

alors que les têtards boutonneux commencent à s'engaillardir en rigolant encore plus fort après avoir avalé quelques gorgées de bière, un trio arrive sur la scène du lido. des gamins, comme leurs potes auxquels ils ouvrent le bal. voici Dupec, un groupe de rock pur et délicat d'edinbourgh. pourquoi pur ? tout bêtement parce qu'en dignes représentants de la scène écossaise, et à l'image des Frightened Rabbit et de We were promised Jetpacks, ils ne font pas dans la dentelle (de calais ou de douvre).
















Dupec, ce sont James Yuill (guitare et chants), Paul Bannon (batterie) et Jamie Steel (basse). de bons petits gars bien mignons et qui ont la pêche. du rock brut de décoffrage obligeant parfois son chanteur à hurler plus qu'à chanter. dommage d'ailleurs, car musicalement c'est tout bon. excellente entrée en matière avant WWPJ : des rifs de guitare efficaces, une basse là où il faut quand il faut et une batterie, toute en légèreté et en tonus. de quoi se dégourdir gentiment les gambettes avant le grand saut. leur set se termine avec l'apparition inattendue d'un grand bouclé qui se saisit avec frénésie d'une guitare sur laquelle il se met soudainement à gratter comme un furieux. il quitte la scène de la même façon qu'il y est entré, sans nous voir ! pas de doute possible, c'est un WWPJ !
















pendant ce temps, un duo sympa comme tout amuse et enchante la scène de l'astra. Buke & Gass de... brooklyn ! elle (Arone Dyer, Buke) toute pimpante à la guitare folk et au chant, lui (Aron Sanchez, Gass) charmant, à la guitare électrique et à la batterie. Buke a un air coquin et lance à Gass des regards entendus lorsque les notes folk s'affolent au rythme effréné des rythmes rock. elle chante, joue avec sa voix, doit aimer Kate Bush et My brightest Diamond, elle rit, fait des blagues, lui l'accompagne, rigole et remercie le public. ils sont frais et leur musique bien rythmée, ne sachant jamais vraiment se décider entre folk et rock, est une parfaite introduction à ce qui va suivre. ils parviennent même, sur certains morceaux, à faire oublier qu'ils ne sont que deux, tant ça gratte et ça tape. un petit bémol malgré tout, au bout d'un moment, les variations de voix de Buke horripilent un chouïa. mais il se dégage une telle bonne humeur de la scène que ça rend le public tout mièvre et enamouré. ma grenouille batteuse qui m'accompagne ce soir me le fait d'ailleurs remarquer alors que les rangs se font de plus en plus serrés et que l'excitation s'empare de l'audience.



We Were Promised Jetpacks vs. The National

votre crapaud n'a jamais mis les cuisses ni à brooklyn ni à glasgow, mais ce qu'il peut dire c'est que ce sont des terres fertiles pour qui sait se servir d'un instrument, avec un certain talent, il va s'en dire. les WWPJ, comprenez We Were Promised Jetpacks, sont de ceux là. leur rock est brut, la batterie de Darren Lackie aussi guerrière que délicate, la basse entêtante de Sean Smith , la première guitare de Michael Palmer et la seconde d'Adam Thomson, qui assure aussi la partie chant.



















leur concert démarre sans eux, A half built House ouvre le bal, une voix étouffée qui annonce three, two, five, one sur une guitare presque saturée... les têtards s'échauffent, les grenouilles et crapauds majeurs et vaccinés ne sont pas de reste. les WWPJ s'emparent de la scène, prolongeant le morceau avec Keeping Warm, dont la longue et fiévreuse introduction excite doucement les consciences tout en dérouillant les cuisses. préparez-vous les gars, ça va guincher. lorsqu'Adam Thomson ouvre la bouche pour chanter so, keep warm, tout le monde dans l'assistance sait qu'il ne reste que quelques secondes avant que la batterie ne vienne enflammer la salle. cette batterie qui sait distiller aussi bien des petits sons tout doux que des gros rythmes endiablés qui feraient sortir n'importe quel lapin se trouvant dans un chapeau. la folie éclate alors d'un seul et même tenant, et plus rien de pourra les arrêter. ni eux. ni nous.

les rifs nerveux de Quiet little Voices nous rendent fous de joie, les pogoteurs s'agitent au milieu, les grenouilles plus réservées regardent avec amusement les crapauds qui, comme moi, se déhanchent au point de se casser la figure. je me fraye un chemin, j'échappe aux pogoteurs, je joue à peine des coudes, me voilà devant, juste devant le bassiste. aux anges pendant une bonne heure, avec pour seule et unique leit-motiv : danser comme un fou et chanter avec Adam quand on connait les paroles. autant dire que tout le monde chante à se faire péter les cordes vocales. les bières passent de main en main, les clopes aussi. c'est la folie, votre crapaud a vingt ans de moins...

It's Thunder and it's Lightning joue tout en douceur sur le rythme de nos cuisses. on le sait que ça va se mettre à taper, on le sait, alors on a presque du mal à ne pas bondir partout avant que la batterie nous en donne le signal. your body was black and blue... on peut y aller, et paf, on se rentre dedans, on se marre, on se tortille comme des fous, c'est complètement insensé ! les WWPJ sont trempés de chaud, nous dégoulinons après seulement trois morceaux, ça dépense tout bonnement l'entendement ! Ship with Holes will Sink enflamme l'assistance et transforme le lido en un grand bûcher.

Roll up your Sleeves ne nous laisse pas vraiment le temps de reprendre notre souffle mais on sait qu'on va pouvoir faire une petite pause lorsque les guitares vont reprendre un peu de douceur sur la fin du morceau, prenant presque des airs joyeux à la Vampire Weekend, stay calm, stay calm, stay calm... je ne vois pas comment ce serait possible !









si les WWPJ jouent l'intégralité de leur album à l'exception de Conductor, ils présentent aussi leur dernier single, A far Cry. un morceau peut-être plus sombre que les autres, dans la lignée de Conductor. un calme salvateur enveloppe alors la salle, même si la batterie de Daren ne permet pas d'oublier qui est sur scène ce soir. Adam y pose sa voix avec justesse, sans forcer, le visage cramoisi par la chaleur et l'énergie qu'il dégage. car sur certains morceaux, il sort la grosse artillerie, n'hésitant à forcer. une voix un chouïa cassée s'y prête parfaitement, sans compter son délicieux accent.

Keeping Warm
Quiet Little Voices
New song
A Far Cry
It's Thunder And It's Lightning
Roll Up Your Sleeves
Ships With Holes Will Sink
Short Bursts

non contents de faire un rock tonique et vivifiant, les WWPJ savent aussi composer de très belles mélodies, tout en douceur, que le chanteur accompagne avec une voix plus maîtrisée et moins mordante. This is my House, this is my Home en fait partie, la douceur puis le feu d'artifice.
















ils sont un chouïa timides les WWPJ, il faut dire qu'on est presque sur la scène, mais alors qu'est-ce qu'ils sont sympa et généreux. on sent bien qu'ils nous en donneraient volontiers davantage, mais ils n'en peuvent plus. nous non plus. une bonne heure rompue tambour battant, sans pause, à danser comme des fous. lorsqu'ils nous saluent et remercient une dernière fois, tout le monde s'essuie avec ce qu'il a sous la main, un t-shirt, un mouchoir, une grenouille, dans le meilleur des cas. on sait qu'ils ne reviendront pas, mais tout le monde quitte sans empressement le lido, en se dandinant encore sur les rythmes rock du dj qui a pris la relève. on se bouscule au stand des deux groupes, la fièvre de la soirée se prolonge dans les couloirs... ahhh, mais pourquoi faut-il que ça s'arrête ?!!!

quelques jours plus tard, votre crapaud ne se tient plus de voir arriver The National. ce groupe découvert tout seul par le crapaud, sans l'aide d'aucun de ses mentors, enfin ! ma grenouille batteuse a l'air calmement amusée par mon excitation. je me demande comment elle fait d'ailleurs pour conserver sa veste, il fait une chaleur qui n'est guère surprenante et pourtant difficile à supporter. à mesure que les rangs se serrent méchamment, ma grenouille se transforme en chevalier protecteur, empêchant quiconque de se mettre devant moi. je lui en suis extrêmement reconnaissant car nos comparses sont particulièrement grands ce soir. les nains se serrent les coudes et n'hésitent pas à marcher sur les pieds. non mais.

un trompettiste et un violoniste apparaissent discrètement sur scène. jamais la sensation d'écrasement n'aura été aussi forte, le public se resserre encore. et ça ne s'arrange pas lorsque les frères Dessner – Aaron (guitare, basse et piano) et Bryce (guitare/piano) – puis les frères Devendorf – Scott (guitare/basse) et Bryan (batterie) – et l'enfant unique (?!) Matt Berninger (chant) leur emboîtent le pas.


















arghhhhh, la voix de Matt Berninger... cette voix profonde et grave, un chouïa nasillarde, parfois un peu triste, débordant de mélancolie. chez The National les thèmes des chansons ne sont pas légers, parfois dramatiques mais d'une beauté sans limite.

et ce soir, il est là, devant mes yeux pétillants de bonheur. élégance et sobriété maximum, presque un peu austère, dans son complet trois pièce sombre. ils sont drôlement photogéniques ces Nationaux. aucun d'entre eux n'arbore la fameuse chemise à carreaux américaine. c'est ça l'élégance new-yorkaise ! ce soir, on n'est pas au fin fond de la cambrousse texane !

ils attaquent fort avec Mistaken for Stranger qui embrase immédiatement la salle. les premières notes de guitare saturée ouvrent le bal, la batterie tambourine, Matt Berninger pose sa voix en fermant les yeux. ce morceau vraiment dansant prend une toute autre dimension lorsque trompette et violon remplacent (avantageusement) synthés ou guitares.

car même si The National fait la part belle aux guitares, le groupe a toujours accordé une place de choix aux piano, trompette, violon, tuba, bref, se déclinant plus comme un groupe de rock orchestral.




bon nombre des morceaux qui composent la setlist de la soirée me sont pour la plupart inconnus. normal, ils sont extraits de High Violet, leur nouvel album qui doit sortir dans les bacs... le lendemain !




l'interprétation de Matt Berninger sur Afraid of Everyone est particulièrement bouleversante, dramatique (cet homme souffre !), surtout qu'il a du mal à contenir sa timidité, ne semblant pas savoir quoi faire de son (grand) corps et surtout de ses mains. sa gestuelle est touchante, il se tord les mains, balancent ses longs bras, les cache dans son dos, laisse ses mains se lover autour du micro, se passe la main dans les cheveux. le grand désarroi du chanteur qui ne joue pas d'instrument (mais qui, avec Aaron Dessner, compose les textes).

à la fin du morceau, il annonce un morceau du nouvel album en rigolant presque, il rougit un chouïa comme s'il on venait de le prendre la main dans une bonbonnière. évidemment c'est une bonne blague, puisque voilà Secret Meeting, morceau qui ouvre le très bon Alligator et dont les textes tourmentés serreraient la gorge du crocodile le plus endurci.


Mistaken for Stranger
Anyone's Ghost
Bloodbuzz Ohio

Afraid of Everyone
Secret Meeting

Vanderlyle Crybaby Geeks
Little Faith

Slow Show

Squalor Victoria

All the Wine

Lemonworld

Conversation 16
Apartment Story

Green Gloves

England
Abel

Fake Empire


Encore
Runayway
Sorrow
Mr. November

Terrible Love
About Today


tous les morceaux sont parfaits, parfois réorchestrés, en laissant tomber une guitare le temps de quelques secondes pour quelques notes de piano ou de violon. sur Apartment Story le tuba et le violon donnent un nouveau visage à ce morceau qui est une véritable tuerie. Abel donne l'occasion à Berninger de chanter comme un fou, autant dire hurler un grand cri guerrier, tandis que les autres le rejoignent au chant, donnant un petit air de révolte à cet excellent morceau, l'accompagnant de bonnes grosses guitares et d'une batterie tonitruante. pff, fait chaud, on n'en peut plus, l'ambiance est complètement dingo.

Conversation 16 donne l'occasion d'assister à un joli moment, puisque Berninger se trompe dans les paroles. un grand éclat de rire précédé de quelques secondes de gêne enflamme l'assistance. il a l'air méchamment rigolo ce grand timide. tellement rigolo, qu'à la fin du morceau, il se retranche au niveau de la batterie de Bryan Devendorf, fait mine de sauter dessus, mais n'y arrive pas, donnant un coup de bassin terrible pour éviter un atterrissage disgracieux sur la scène.
















Apartment Story serre le coeur du crapaud encore davantage, ah la la que cette tristesse et cette noirceur sont belles. et je ne vous dis pas les premières notes de piano de Fake Empire qui déchaîne grenouilles et crapauds qui hurlent de bonheur... quand c'est au tour de la batterie d'entrer dans la danse – tout en douceur, comme une ivresse qui vous parcourt le corps et vous enivre – on sait que la fièvre ne va pas tarder.

chaleur, fatigue, excitation nous grignotent peu à peu, ce n'est pourtant pas tout à fait terminé. surtout quand Berninger décide d'en rajouter une couche, sur le fabuleux, excellent, incroyable, Mr. November, en décidant d'un seul coup de descendre dans le public pour finir le morceau. et pas seulement rester sur le devant, vers la scène, non, non allez au milieu. la foule de batraciens se fend en ligne droite pour le laisser passer, deux techniciens le suivent pour assurer le bon suivi du micro. l'hystérie est collective, tout le monde danse, on se frotte les uns aux autres, on s'essuie nos fronts de batraciens, certains se fraye un passage pour le rejoindre, sans y parvenir. quand il réapparait sur scène, le morceau se termine, presque au grand soulagement de tous !

Terrible Love apporte un peu de fraîcheur, malgré la batterie saccadée de ce nouveau morceau, on peut s'apaiser un peu. Un très beau morceau qui ouvre le nouvel album. Si ça vous dit, c'est par ici :




mais la fin approche et About today clôture le bal. si nous ne nous étions pas fait prier pour les encourager après leur première sortie de scène, là on sent bien que c'est f-i-n-i. tout le monde est cuit.

pour qui aime les cuisses de grenouille c'est le moment où jamais : après deux concerts pareils, tendresse maximum et pas un pet de graisses..


©Dupec and Buck&Gass's pictures from their respective MySpace

©WWPJ's pictures from MySpace and FatCat Records
©Kieth Kienowski for the black and white picture of The National. Other picture from American Mary

Tuesday, 11 May 2010

concert review: Tocotronic (Astra, 18/04/10)

alors que l'économie aérienne est paralysée, sur l'étang on se réjouit d'un tel événement. surtout parce que ce soir, votre crapaud ne risque pas de voir son concert annulé, par manque de vols.

non, ce soir, c'est endlich zu Hause...

car pour la première de sa vie, le crapaud va voir un groupe allemand en concert, dingue non ? enfin, non, plus exactement, il va voir un groupe allemand pour la première fois en concert sur le territoire national, voilà tout.

bizarre sensation avant de pénétrer dans l'Astra. il fait horriblement lourd à l'extérieur, presque moite, l'ambiance n'est pas spécialement locker. l'humeur du crapaud s'en ressent. maussade, il n'a juste pas envie d'y aller, bien que sa grenouille phacochère l'accompagne.

grenouilles et crapauds aux alentours ont pourtant l'air sympathiques, malgré leurs tenues ne ressemblant à rien, ou en parfaitement harmonie avec le groupe de ce soir.

car la grenouille ou le crapaud fan de Tocotronic ressemble à ça :


















pour vous présenter un peu ce groupe hambourgeois, le quatuor est sans doute un des meilleurs groupes de rock teutons du moment (« du moment » ça veut dire « au moins depuis 2008 », date à laquelle votre crapaud les a découverts, même s'il est en activité depuis 1994 !). pourtant il est loin de rallier tous les amoureux du rock outre rhin, pour la simple et bonne raison que Tocotronic ne se contente pas de gratter sur des guitares comme des bourrins. leurs textes sont tout simplement d'une beauté à couper le souffle, pour peu qu'on les comprenne, associant poésie, mélancolie, colère et parfois violence.

certains de mes potes me déconcertent quand ils me disent que Tocotronic, c'est intello, pas rigolo, ça pète pas assez. ouais.

pourtant un groupe qui chante eure Liebe tötet mich (« votre amour me tue », pour résumé), moi ça me fait autant frissonner que lorsque les singes arctiques chantent Cornerstone.

il est quand même rare dans le rock actuel de trouver des textes qui vous accrochent autant par leur musicalité que par leur contenu et leur intérêt littéraire.

bon, alors nous y voilà.
frissons et remuage de popotins en perspective.

un vrai concert avec une majorité de batraciens teutons, ça se concrétise, pour le crapaud nain que je suis, par une grande souffrance : car le batracien teuton est sacrément grand, bon sang.
heureusement, la scène est surélevée...

c'est comme ça que je vois arriver Dillon sur scène avec une chose dont on ne saurait définir le sexe. Dillon ouvre le bal en gesticulant bizarrement, dissimulant assez mal un certain malaise. le carnage peut alors commencer. Dillon chantche en anglaich mais la pauvrche elle a chertain défchaut de pronchiachion. à chaque morcheau, je prie le dieuch des batrachiens de fairche quelque choche. (la preuve qu'il n'existe pas, c'est qu'aucun miracle ne s'est produit).

Dillon est au piano, et à la boîte à rythme, la chose (qui s'appelle en fait Leon) est à la guitare et aux percus. Dillon fait des vocalises, chante (mal) l'amour, la vie, dédicace une chanson à mère, simule (mal) la colère sur un morceau, salut le public, remercie les Tocotronic, quitte la scène avec la chose. à mon avis, elle va aller se faire un fixe dans les cabinets, elle a l'air trop mal. pauvre canarch, sa souffranche va chans doute s'arrêter ce soir, car ch'est la fin de la tournée des Tocotronic.

































la grenouille phacochère me regarde d'un air piteux et désespéré. comment les Tocotronic peuvent-ils être précédés d'un truc pareil? on se souvient avec émotion de la première partie des Neubauten à la Cigale en 1997...

m'enfin, ça n'empêche pas le public de se resserrer. il fait méchamment chaud. et je ne vous raconte pas la montée en flèche des températures lorsque Jan Müller (basse), Arne Zank (batterie) et Rick McPhail (guitare et clavier) posent le pied sur la scène. et l'hystérie collective que provoque Dirk von Lowtzow (guitare et chant) en beuglant comme un malade « endlich zu Hause ». enfin à la maison ? mais enfin, Dirk, t'es de hambourg pas de berlin...

peu importe, Dirk a l'air ivre de bonheur (et peut-être pas que de bonheur) et parle BIEN BIEN FORT pour que tout le monde entende bien. j'ai du mal à croire que c'est ce gars-là qui me met la chair de dindon quand il chante das Blut an meinen Händen ist von dir...

mais ne soyons pas bougon pour autant, je bondirai quand même bien partout pour montrer que je suis content d'être là, surtout que la soirée s'ouvre avec Eure Liebe tötet mich. extrait du dernier album du groupe, Shall und Wahn, qui a une puissance émotionnelle à faire fondre en larmes un crocodile.

sauf là. une froideur excessive se dégage de la scène malgré la chaleur qui étouffe la salle. Dirk chante comme un balourd, lui qui, sur disque, a une voix pure et nette, un accent doux qui vous caresse l'oreille, là il braille et en plus le son est tellement fort et mal réglé, qu'on ne comprend rien de ce qu'il chante. oui bon d'accord, a priori, je connais les paroles, mais bon, sur les morceaux qui me sont, par la suite, inconnus, dur dur.

mais ein leiser Hauch von Terror vient faire oublier Dillon, la moiteur, les grandes grenouilles qui sont partout, la légère arrogance de Dirk von Lowtzow, le son pourri, on se laisse prendre, allez, zou !

chers amis non germanophones, je vous laisse vous délecter des titres qui composeront cette soirée :

Eure Liebe tötet mich
Ein leiser Hauch von Terror
Die Folter endet nie
Grenzen 2
Verschwör dich gegen dich
Schall und Wahn
Aber hier leben, nein danke
Imitationen
Jenseits des Kanals
Ich werde nie mehr alleine sein
Verstand zurück
Masterplan
Let there be rock
Macht es nicht selbst
Drüben auf dem Hügel
Keine Meisterwerke mehr
Stürmt das Schloss
Gift

Encore:
Mein Ruin
Ich bin viel zu lange mit Euch mitgegangen
Sag alles ab

Encore 2:
Die Idee ist gut, doch die Welt noch nicht bereit


une fois qu'on a fait son deuil d'un son ultra fort et ultra pourri, on ne peut que s'incliner devant les titres les plus récents de Tocotronic (les trois derniers albums en tout cas). une rythmique impeccable, des guitares réglées au millimètre près qui vous rappelle que vous êtes venu voir un groupe de rock et non pas un ballet de danse classique. Dirk von Lowtzow s'applique sur son interprétation de Aber hier leben, nein Danke... (je me rends alors compte que j'ai toujours mal compris le titre de ce morceau et que j'ai toujours chantonné « aber Ihr Leben, nein Danke!! »)
ah mais ce Dirk, comme il se la pète, c'est pas supportable. tout le groupe en général d'ailleurs, sauf peut-être Rick McPhail qui, derrière sa guitare, a l'air authentiquement sympathique.

le temps d'un morceau, Arne Zank, le batteur, s'empare du micro tandis que Rick passe à la batterie.

mais le son est trop fort, il fait horriblement chaud, ma grenouille craque sur Jenseits des Kanals, me fait signe et recule. c'est pas tenable. je la suis sans me faire prier, trop préoccupé par l'idée de ne pas me faire écraser par la grande grenouille qui me colle depuis Die Folter endet nie. on ne peut pas se tourner, pas danser, pas bouger, la crise de panique du crapaud n'aura pas lieu, c'est déjà ça de gagné.

sauf qu'en étant plus loin donc, moins serrés, ça ne change malheureusement rien à la qualité sonore. ni à l'ambiance. c'est même pire, j'ai l'impression de ne plus être dans le public. je respire mieux, certes, mais me sens en dehors du concert, même si Macht es nicht selbst me ramène un peu dedans. se concentrer sur la musique, oublier que le son est dégoûtant, que le groupe est arrogant, que le moral est au plus bas et que ma grenouille m'a dit qu'elle allait partir parce qu'elle n'en pouvait plus. je reste là comme un crapaud désœuvré, la mort dans l'âme, à écouter ce groupe que j'aime malgré tout. je découvre des morceaux que je ne connais pas et que le public chante à pleins poumons. les premiers rifs de guitare de Gift me ramènent à la vie... (gift veut dire « poison »...). oh la la, le morceau auquel je n'osais pas croire, ce titre qui clôture en beauté et en puissance post-rockienne Schall und Wahn mais aussi le concert.

les Tocotronic sortent de scène, Dirk ne pouvant s'empêcher de beugler encore une dix millième fois « VIELEN DANK! ». j'hésite à partir. le groupe n'a joué que peu de titres de Kapitulation, son précédent album, mon préféré. je ne désespère pas d'entendre peut-être encore un morceau.















et ils reviennent sur scène. Mein Ruin (le morceau qui ouvre Kapitulation) me met les larmes aux yeux parce que je me dis que ma grenouille aurait dû rester. Sag alles Ab m'achève, je me replis vers la sortie imitant Tocotronic qui se retire. le concert est terminé, le moral est en berne, je serais prête à m'enfiler deux kebabs pour calmer la faim qui me broie le bide et trois litres de guinness pour oublier mes idées noires. je rode près du stand du groupe pour acheter Kapitulation. la fille me répond qu'elle n'a plus de CD car on est en fin de tournée, mais que je peux l'acheter sur le site web du groupe. wunderbar, je me sens en forme pour tout faire péter autour de moi. j'entends alors la clameur de la salle reprendre, c'est pas possible ils reviennent encore une fois.

je me fais une place au milieu des autres batraciens, je reviens pour Die Idee ist gut, doch die Welt noch nicht bereit, un morceau fleuve qui fait chanter toute l'assemblée. de là où je me trouve désormais, le son est encore plus crado et les gens papotent comme s'ils étaient en train de prendre le thé. vous prendrez du sucre ?

je tourne le dos à la salle sur la dernière note de guitare et je rentre chez moi, sans trop savoir comment, les yeux au sol, les lèvres serrées.
je n'ai qu'une envie, être au plus vite dans ma grotte et pleurer un bon coup. et oublier tout ça, vite.

© Dillon's pictures taken from Konzerttagebuch
© Tocotronic's pictures taken from MySpace, Zuckerkick and Alternativefanpage

Sunday, 2 May 2010

the weekly barometer (weekend's special)

1. Catapult - Arctic Monkeys
2. A far Cry - We Were Promised Jetpacks
3. Stockings to Suit - The Rascals
4. Percussion Gun - White Rabbits
5. Dress - P.J. Harvey

Sunday, 18 April 2010

concert review: Midlake + Spoon (09/02/10 + 20/02/10, Lido + Frannz)

amis batraciens, remerciez le dieu des grenouilles et crapauds, qui m'a remis les cuisses sur le nénuphar, car cette chronique devait initialement s'intituler : texan instruments...

alors partons au texas, voulez-vous ?
voyons si vous la préférez à bec ou traversière.
ou si vous êtes plus folk que rock.

car le texas. voilà bien la seule chose qui unisse Midlake à Spoon

la musique de Midlake est aussi apaisante que celle de Spoon est tonifiante.

là où Midlake construit des morceaux tout en longueur et en douceur, Spoon délivre des mélodies brutes, rageuses et pressées d'en finir. avec Midlake vous partez à la campagne, dans les champs, dans la forêt. avec Spoon, vous restez dans la moiteur de la ville, vous bouillonnez, vous suez. dans les deux cas, vous avez chaud, vous êtes bien.




























et sur scène, le nombre fait la différence.

si Midlake se compose à la base d'un guitariste folk/flutiste/chanteur (Tim Smith), d'un bassiste (Paul Alexander), d'un batteur (McKenzie Smith), d'un guitariste rock/flutiste (Eric Pulido) et d'un guitariste fou (Eric Nichelson), une fois sur scène, ajoutez encore un pianiste/flutiste (Jesse Chandler) et un dernier guitariste (Max Townsley). ils sont tous ou presque habillés pareil, de cette chemise à carreaux qui semble caractériser le folk américain. on sent bien que chez eux c'est la flûte avant tout, l'apparence on s'en tape.

la flûte parlons-en. votre crapaud vous parlait, ici même, avec une émotion non dissimulée de la flûte traversière lors d'un concert des Herbaliser.

chez Midlake la flûte paraît remplacer certaines octaves que ces belles voix masculines se superposant ne peuvent malgré elles pas atteindre. elle apaise, elle embellit, elle renforce, elle vous envoûte. n'essayez même pas de lutter, vous n'y arriverez pas. surtout pas lorsque Jesse Chandler est rejoint par Tim Smith, puis par Eric Pulido, la flûte au bec. vous allez, malgré vous, fermer les yeux et vous mettre à chavirer, en attendant d'avoir la chair de gallinacée provoquée par la guitare folle et tout simplement fabuleuse de Eric Nichelson. car dans tous les bons groupes, il y a toujours un guitariste responsable des effets les plus étonnants et les plus renversants qui vous font aimer le rock encore et toujours. Eric Nichelson est monsieur bruitage et sons inattendus de Midlake.
















chez Spoon, le grand responsable guitare et chant, c'est Brit Daniel. l'excellent Jim Eno s'occupe de la rythmique et inonde le public de ses gentils regards et de ses sourires derrière sa batterie. Rob Pope vient prêter sa voix pour renforcer le chant spoonien tandis que ses doigts semblent ne pas bouger à mesure qu'ils avancent ou descendent le long des cordes de sa basse. Eric Harvey fait la tronche et a pour seul ami son piano et ses boîtes à rythmes (dont il se sert avec un certain talent).














si Midlake laisse le soin à Sarah Jaffe d'assurer la première partie (du folk de fille, sympa, mais qui ne pèterait pas trois pattes à un canard, sauf peut être sur un morceau où monsieur Pulido himself vient renforcer les troupes), Spoon prend un risque énorme en laissant la scène aux excellents White Rabbits.

laquelle est d'ailleurs bien trop petite pour Brian Betancourt (à la basse), Matt Clark (à la batterie), Alex Even (à la guitare et au chant), Jamie Levinson (à la batterie), Stephen Patterson (au chant et au piano) et Gregory Roberts (au chant et à la guitare). certains morceaux des lapins blancs semblent sortis tout droit d'un album de Spoon. sauf que, bon, évidemment, ce qui fait la différence c'est la deuxième batterie. du bon rock tonique et bien construit, ça tape bien, le piano apporte une touche originale à la traditionnelle formation rock, guitare, basse, batterie, en créant des boucles qui donnent de l'épaisseur aux morceaux et leur donne parfois un petit côté saloon voire presque inquiétant, tant on a l'impression de plonger dans un film noir.











n'empêche, impossible de ne pas rapprocher White Rabbits de Spoon, même si les lapins sont plus soigneux dans la composition des morceaux, dans le sens où ils n'hésitent pas à pousser les morceaux aussi loin que possible. c'est pourquoi, quand Britt Daniel vient les rejoindre sur leur dernier morceau, on se dit que vraiment ceux là, ce sont de sacrés potes ! évidemment les bureaux de renseignements de l'étang ont depuis fait leur travail... la production de It's Frightening, le dernier album des White Rabbits, est le fruit de... Britt Daniel !

j'ai envie de vous donner un petit avant goût des lapins, car c'est un groupe à ne pas lâcher, quitte à lui baver dessus pour qu'il reste collé à l'étang...

mais délaissons un peu batteries et léporidés pour revenir à l'apaisement, la douceur et le cocon dont Midlake entoure certains de ces morceaux.

The courage of Others, un extrait qui donne son titre au dernier album du groupe (une merveille), en fait partie. ce morceau vous chatouille avec tendresse les tympans, la douceur des chants et des flûtes vous procure un bonheur et un bien-être sans nom. tout simplement.

le public semble venue à une messe, avec pour grande prêtresse cette belle folk qui laisse la place au rock quand la flûte disparaît au profit des guitares. tous les nouveaux morceaux ont la même intensité, même si parfois on semble reconnaître un accord ou quelques secondes de mélodies déjà entendu(es). un petit goût de déjà-vu.

que vous dire de Roscoe, Young Bride ou Van Occupanther, ces morceaux du fabuleux et extraordinaire The Trials of Van Occupanther, sorti en 2006. parfaite harmonie des chants, nervosité passagère des guitares, piano doux et un chouïa mélancolique, une flûte qui hésite entre la tristesse et l'envie de laisser éclater sa joie, une interprétation presque dramatique qui souffre d'un mal que Tim Smith vous transmet avec un certain bonheur, et enfin un violon tourmenté et doux à la fois qui accompagne guitares et batterie pour teinter Young Bride de notes chagrinées et touchantes. allez faire un tour par ici pour en voir et en écouter un peu plus.

de quoi vous donner la chair de gallinacée malgré votre pauvre allure de batracien.

I saw the light, un nouveau morceau extrait de Transference, nous laisse le temps de nous remettre du passage des lapins et attaque toutes guitares dehors. Rhythm and soul se charge de nous déniaiser les cuisses, arghhh, mais quelle pêche ! ah oui, et puis, bon, à quoi bon le nier, qu'il est sexy ce Brit Daniel ! à se demander s'il n'a pas demandé des conseils à Miles Kane pour s'habiller et enamourer votre crapaud en moins de deux. et ce regard. ce même regard bleu qui vient plonger pendant quelques longues secondes dans les yeux de votre crapaud mort d'amour, quelques secondes qui durent une éternité (et un jour), et qui vaut à votre crapaud un grand coup de cuisse de ses copains un chouïa moqueurs (le crapaud chantant et la grenouille phacochère) qui l'accompagnent ce soir. je crois que Miles Kane n'aurait pas fait mieux !


bon, enfin, revenons les cuisses sur l'étang.

The Ghost of you lingers, I turn my Camera on, Nobody gets me but you, Don't make me a target, Got Nuffin, I summon you... l'interprétation est impeccable, pas une fausse note ou presque (un petit problème technique). pas de dentelles, pas de douceur mièvre, juste de bons rythmes qui ne se la racontent pas et qui vous donnent chaud en moins de deux, du rock qui bouge sans vous péter les oreilles, un concentré d'énergie à chaque morceau et des mélodies entêtantes et émoustillantes. et vous rendant irrémédiablement heureux.

voilà, je ne peux pas dire mieux.
















I saw the light
Rhythm and Soul
Don't make me a Target
Someone Something
The Ghost of You Lingers
Is Love forever?
Nobody gets me but you
The Underdog
Troubles comes Running
I turn my Camera On
Love song
Written in reverse
Metal School
The Way we Get by
They Never got You
I Summon You
Finer Feelings
Got Nuffin

Encore:
The Beast and Dragon, Adored
Don't you Evah
My Mathematical Mind


et puis, vous n'avez qu'à aller voir par vous même :


ces deux groupes qui en apparence n'ont pas grande chose en commun sont parfaitement complémentaires.

Spoon au réveil. Midlake au coucher.

vous vous endormirez au son d'une flûte et de voix qui vous caresseront l'oreille, épuisé que vous serez d'avoir bondi comme un malade au petit matin, à la recherche d'un regard bleu...


© pictures from Midlake's myspace, Spoon's mypace & website, White Rabbits' myspace