Tuesday 22 December 2009

small talk: what's your top 10?

nous y voilà.
fin de l'année, le temps du bilan.
si cette année a été pourrie par certains côtés, elle a été riche côté musical, que ce soit en termes d'albums ou de concerts.

lequel vous a le plus emballé, lequel vous a fait le plus remuer du popotin, lequel vous a rendu amoureux, lequel vous a fait pleurer, lequel emporteriez-vous sur une île déserte ?

si le crapaud juteux n'a pas encore définitivement arrêté son choix sur les 5 voire 10 albums de l'année, ni les meilleurs concerts, il a fait un constat bien étrange...

dans son peloton de tête 2009, rien que des potes...
Grizzly Bear, Tortoise, Animal Collective, Arctic Monkeys.

à quand The Singing Froggies ?!

résultats des courses d'ici la fin de l'année. sans oublier le premier sampler de juicy frog qui est en préparation. accrochez-vous, ça va swinger !

Monday 21 December 2009

concert review: Bat for Lashes (Postbahnhof, 28/10/09)

une des dernières fois où mon mentor vint me rendre visite sur mon nénuphar, il relia son disque dur externe à ma chaîne hi-fi (nous sommes des batraciens modernes) et me dit : « j'ai quelque chose pour toi, ça devrait te plaire ».

une voix de fille. mon mentor me connaît bien. il sait que les voix de filles avec le crapaud, ça passe ou ça casse.

et avec Bat for Lashes, c'est tout de suite bien passé.
une jolie voix à la Björk, l'énervement en moins, et de jolies envolées sans excès. des petites ambiances un peu mystérieuses, presque ésotériques, plutôt étonnant, de quoi attiser la curiosité en tout cas. et une batterie qui tape bien.

non seulement je me procurais rapidement Two Suns, mais je prenais soin d'acheter sans trainer mon billet pour sa venue au mois d'avril.

Natasha Khan, malade, annule sa tournée en Allemagne. la déception est grande pour votre crapaud. je suis particulièrement fou de ce second album et j'étais très curieux de voir ce qu'il pouvait donner sur scène.

heureusement, le temps a vite passé. et me voilà à la Postbahnhof, où est en résidence le Fritz Club où je vis plusieurs fois I am Kloot, autant dire un endroit chargé de (très bons) souvenirs. une jolie salle sans attrait particulier, mais une super acoustique. en marge de la scène, une autre pièce donne accès au fumoir et dans laquelle on trouve merchandising, sandwichs et berliner pilsner ou heineken à la pression. et on peut même y danser les soirs de fête !


















ensuite on pénètre dans la salle de concert à proprement parler, où il y a également un bar, au cas où se serait trop dur de parcourir vingt mètres pour se rafraîchir. on est presque tout de suite sur la scène. petite capacité, super ambiance, super son.

je m'attends à voir quelques crapauds habillés un peu à la Natasha. plumes ou bandeau dans les cheveux, robes à col, robes à volants, grosses ceintures, tissus colorés, fleuris, tout y passe. on peut aussi dire que c'est n'importe quoi si on est un vieux grincheux de l'habillement. sinon c'est très frais tout ça et plutôt gaie.

la salle se remplit rapidement. dans mon environnement proche une grenouille, habillée d'un simple jeans et d'un t-shirt blanc, bouge nerveusement. on dirait qu'elle attend quelqu'un et que la personne n'arrive pas. elle s'enfile rapido deux bières. et quitte d'un geste nerveux sa place, en faisant signe qu'elle revient. et elle n'a pas l'air de rigoler. lorsqu'elle revient, nous sommes de plus en plus serrés.

je sens alors une chaleur intense sur ma cuisse gauche. je regarde discrètement ce qui me tient procure un tel bien être et découvre une petite grenouille, plus petite que moi, mais oui, c'est possible, qui se tient là. je l'avais déjà remarquée au fond de la salle à mon arrivée, nous étions suffisamment peu nombreux pour se croiser du regard. même si elle n'a pas l'air malintentionnée, je trouve étrange qu'elle se colle à moi ainsi. nous finissons par faire batraciens batraciens (amis, amis quoi !), lorsqu'elle se casse presque la figure en remontant son pantalon (il fait terriblement chaud) et que je la ramasse à temps avant que sa jolie face ne s'écrase au sol.

tout à coup, le groupe de crapauds se trouvant à proximité se met à hurler... « Ah mais c'est dégueulasse... non mais dites-moi que je rêve... ! ». et vas-y que ça glousse... la grenouille-amie et moi-même nous penchons vers l'avant, et constatons avec stupeur et amusement (l'amusement c'est surtout pour votre crapaud), que la grenouille un peu nerveuse, sort son appareil urinaire et se soulage tranquilou, là devant tout le monde. et la magie s'opère... d'un seul coup, un cercle de belle dimension s'écarte d'elle, elle a une place pas possible, j'y penserai pour le prochain concert de Radiohead !

je rigole tout ce que je sais pendant que le club des crapauds s'offusque en criant « il s'est fait dessus, il s'est fait dessus ! », et la grenouille à mes côtés décide, devant tant d'ignominie, de s'approcher de la scène et de quitter ce lieu de malfaisance !

et alors que la lumière fond peu à peu, je regarde d'un air un peu préoccupé la grenouille de plus en plus nerveuse, qui visiblement n'a pas l'air toute là. heureusement un autre spectacle attend votre crapaud.

deux choses aux cheveux courts apparaissent sur la scène. deux trucs asexués. j'ignore s'ils ont pris de la cocaïne avant de monter sur scène, mais ils ont les yeux de lapins apeurés se retrouvant face à des phares de voiture. pourtant on dirait aussi qu'il sont prêts à nous sauter dessus. habillés de noir, une des choses se place devant le micro tandis que l'autre s'installe derrières son clavier. des beats mal réglés nous explosent illico les oreilles. le cauchemar peut commencer.

la chose devant le micro est en fait une fille. si son physique ne permettait pas jusqu'à présent de définir clairement son sexe, sa voix ne laisse aucun doute, et une meilleure observation de son visage laisse sans conteste apparaître un semblant de fille (je n'ai pas dit féminité).
voici Hecuba.
Isabel Albuquerque et Jon Beasley pour les intimes (dont je ne fais pas partie).

















la balance est mal réglée, ça tape méchamment et en plus y'a pas un chouïa de mélodie, ça vous pète les oreilles comme une sirène de pompier. malgré ses yeux d'égorgeuse de crapauds, Isabel Albuquerque semble se détendre un peu après le troisième morceau, souriant parfois maladroitement comme si on venait d'y mettre le feu, mais dissimulant avec peine un véritable trac. sur un morceau elle semble malgré tout heureuse, offrant un court instant quelques émotions pures, voire même un sourire. elle cherche souvent Jon Beasley du regard, mais il est trop dans son trip pour la voir.

















sur le dernier morceau, il prend justement le micro et interprète un morceau presque audible. lui aussi a l'air complètement apeuré, mais de quelles substances ont-ils abusé ?

lorsque la lumière se rallume, l'apaisement est général. mais que font ces bourrins en première partie de Bat for Lashes ? ils auraient eu parfaitement leur place au Trésor, vrai temple de la techno et des beats qui arrachent les tympans.

tout le monde reprend ses esprits, on regarde par terre pour voir où en est la mare de pipi. tout va bien, le sol est parfaitement plat !

lorsque la lumière se tamise à nouveau, la nervosité de la grenouille au pipi décomplexé prend de l'ampleur. elle fouille dans sa poche frénétiquement et alors que Natasha Khan pénètre sur scène dans la liesse générale, sort maladroitement... son appareil photos... tout ça pour ça, merci bien !

Natasha Khan est là, toute souriante, un peu timide, dans sa robe d'écolière anglaise. à sa gauche, en retrait, Charlotte Hatherley s'empare de sa basse. Sarah Jones s'installe devant sa batterie, à droite de Natasha (et à gauche pour le crapaud), tandis que Ben Christophers s'assied devant ses claviers.

Glass
peut alors commencer. la voix de cristal de Natasha Khan, envoûte la Postbahnhof. tout doucement le morceau s'épaissit, une certaine grâce envahit la salle. l'émotion s'empare alors de l'assemblée. que de douceur... quelques percutions, puis une vraie bonne batterie. vous verriez comment Sarah Jones tape, elle n'a rien à envier à Logan Kroeber des Dodos !
la lumière explose au rythme des percutions, la coordination est parfaite, tout comme le son et la balance.

















Glass
Sleep alone
Wizard
Moon and Moon
Horse and I
What's a girl to do
Daniel
Tahiti
Siren Song
Trophy
Two Planets
Pearl's Dream

Rappels :
Big Sleep
Wilderness
Priscilla

le groupe s'anime davantage, et nous avec, avec Sleep alone. des rythmes presque tribaux saccadent le morceau alors que la voix de Natasha joue sur la douceur et la pureté.
les morceaux qui suivent se teintent de petites clochettes, clavecin, guitare, en couches successives. on sent l'envoutement général.

Natasha Khan s'installe au piano le temps de Moon and Moon, alors que Charlotte Hatherley s'assied à ses côtés pour jouer des clochettes. on dirait que le temps s'arrête. mais que c'est joli tout ça.

il ne faut cependant pas croire que Bat for Lashes se contente de petites chansons gentillettes toutes douces. au contraire, Natasha Khan chante aussi bien son désespoir, sa tristesse que son bonheur, et accompagnée d'une batterie rageuse, on ne se laisse pas aller à la mélancolie.




























sa voix qui peut paraître fragile dégage une force incroyable. tandis que nous remuons du croupion sur Pearl's Dream, je me dis que Björk était peut-être comme ça avant. avant de beugler et de faire des concerts dans des stades.

cette Natasha Khan est tout simplement adorable, attachante, charmante et d'une sincérité touchante. malgré son talent fou, elle n'en fait pas des tonnes. tout n'est que légèreté et maitrise.
lorsque Priscilla se termine, la séparation est douloureuse. le rêve se brise d'un seul coup, un peu violemment.

la grenouille pipisante semble au comble du bonheur dans sa mare. heureusement que personne n'a tapé des pieds pour les rappels...


© for Bat for Lashes, concert pictures from http://www.fritzclub.com
© for Hecuba, pictures from http://www.myspace.com/hecubahecuba

Monday 7 December 2009

small talk: ... and the winner is...

voilà. les jeux sont faits.

vous êtes neuf à penser que juicy doit être accessible au plus grand nombre de crapauds et grenouilles de la toile.

parmi vous, deux estiment que votre crapaud juteux a perdu la tête, je vous en remercie, c'est ce que j'espérais secrètement entendre !

et un crapaud, ou une grenouille, oui, un ou une d'entre vous l'a fait.
"no way, you're mine".

alors je ne sais pas qui tu es crapaud ou grenouille, mais effectivement, ce blog musical a été créé pour toi, pour vous, amis des mares et étangs voisins.
alors même si juicy frog est accessible, par principe, à tout le monde, il n'en demeure pas que c'est pour vous, et rien que pour vous que le crapaud prend sa plume de cygne entre ses doigts palmés.

et c'est déjà assez difficile de saisir un stylo entre ses doigts palmés pour un batracien.
alors n'en parlons plus.

j'embrasse fougueusement avec mon haleine de crapaud sentant bon la vase des bois les participants au sondage. et les autres aussi.

Friday 27 November 2009

small talk: should I quit?

amis batraciens, rien ne va plus.

ce soir alors que je me baladais chez un disquaire (pas mon disquaire malheureusement), un horrible centre commercial du disque où je me trouvais par hasard, je fouillais les bacs à la recherche de nouvelles choses.

j'ai déjà entre les mains The Whitest Boy Alive (bien agréable à écouter), le nouveau Do Make Say Think (une merveille comme toujours), l'intrigant Blueneck (présenté par un autocollant annonçant "For Radiohead, Sigur Ros and GYBE fans", avec une superbe pochette), le tentant The Big Pink, et l'excellent Moderat (l'association parfaite de Modeselektor et Apparat).

en faisant ma pile, je vois au passage à la lettre A, que Londinium d'Archive est en promo.
cet album de 1996 d'Archive est le premier du groupe, Rosko participant abondamment à bon nombre de morceaux, garantissant au groupe un vrai phrasé (trip) hip-hop. et c'est donc avec une certaine sérénité que je passe son code-barres contre le scanner pour l'écouter, juste histoire d'être sûr de l'acheter. même si en même temps, il était déjà clair dans ma tête qu'il allait rejoindre Lights et Controlling Crowds sur le présentoir à cd de mon étang.




















le scan passe. la pochette de l'album s'affiche sur l'écran, les titres apparaissent. et avec les titres, les compositeurs de chaque morceau. ce qui, avec Archive, est habituel, puisqu'ils sont tous compositeurs ou songwriters. mes yeux sortent de mes orbites de crapaud lorsque je vois apparaître Arab R.

ça ne vous dit rien ?
si ça vous dit rien, vous êtes autant à la masse que moi.
dois-je arrêter la bière ?
me remettre à chercher une grenouille qui me remettra les pieds sur le nénuphar ?

R. Arab, c'est Roya Arab bon sang.
Et Roya Arab, c'est qui ?!
Si vous avez lu la chronique ci-après, vous devez le savoir.
Roya, c'est la sœur de Leila, bon dieu des rainettes.

mais où ai-je donc lu qu'elle avait participé à Alpha ?
c'est bien avec Archive qu'elle chanta jadis...
partout où je cherche sur la toile, je vois écrit Archive...

pauvre de moi.
n'empêche, Roya a quand même le mérite de m'avoir fait découvrir Archive.

du coup, j'arrête la lecture du disque. piqué au vif, je me traite de crapaud ignare, en me disant qu'il est temps qu'une princesse vienne me délivrer de ce maléfice.

j'embarque Moderat et Archive, la mort dans l'âme.

quelle princesse voudra bien venir me sauver ?
Roya ?

Wednesday 18 November 2009

concert review: Archive (Huxley's, Berlin, 19/10/09)

étrange de se rendre à un concert avec une sorte de fièvre, tout en se sentant détaché. d'aller voir un groupe qu'on a découvert il y a peu, malgré son ancienneté.

né à la grande époque bristolienne du trip-hop, votre crapaud a toujours été attiré par ses super pochettes, sans jamais écouter un seul morceau.
pourtant crapaud, le trip-hop, tu aimes, alors pourquoi, pourquoi donc ?...
Massive Attack et Portishead étaient alors en pôle position dans mon cœur de crapaud, ceci explique sans doute cela.

pourtant, en début d'année, alors que j'écoutais avec la ferveur qu'on me connait le dernier (somptueux) album de Leila, je me mis à chercher des infos sur sa sœur Roya dont la voix m'emballait plus particulièrement.
une grenouille amie m'avait dit qu'elle chantait déjà avec un groupe de trip-hop bien connu, alors j'ai cherché, persuadé que c'était avec Archive bien qu'il s'agisse en réalité d'Alpha !

j'ai malgré tout continué mes recherches sur Archive quand je suis tombé sur Lights. j'ai eu du mal à me remettre de ce morceau de 20 minutes, une merveille musicale pour le crapaud, fan de trip qui fait hop (sur un nénuphar c'est du plus bel effet).


et lorsque j'ai su qu'un nouvel album d'Archive allait sortir, je me mis à vaciller sur le dit nénuphar. la fièvre s'emparait de moi, il me le fallait. chez le crapaud c'est toujours comme ça, tant que Controlling Crowds (part I to III) ne fut pas en ma possession, je ne pensais qu'à ça. ben oui, la passion tourne parfois à l'obsession.


alors Archive au Huxley's Neue Welt, ça ne se refuse pas.


ce soir là, je me rends au Huxley's sans emballement particulier. je crois même que si je ne veux pas vraiment y aller, c'est parce qu'il n'y a que Lights qui m'intéresse vraiment. ce morceau là en particulier, et l'album en général. et si Archive faisait l'impasse sur ce vieux morceaux, alors que la part IV de Controlling Crowds vient de sortir ?

perdu dans mes pensées de batracien, je frémis d'horreur en sortant du métro. qu'est-ce que c'est que ce machin ? c'est quoi ce bâtiment, ce truc lumineux clignotant qu'on voit à trois kilomètres ? quelle horreur... c'est vraiment là que le concert a lieu ? je me mets dans la queue, j'attends mon tour, sans envie.

je pénètre rapidement dans la salle, une assez grande salle, à la déco rococo étonnante, faussement d'époque, un peu trop clinquante, très étrange. mickey et minnie viendraient à apparaître sur la scène, je ne serais pas surpris.
il y a déjà beaucoup de monde, je reste dans la fosse, sans m'approcher pour autant trop du plateau...

BirdPen
est déjà sur scène. ils attaquent leur deuxième morceau. musicalement c'est pas mal du tout, mais c'est surtout à la voix du chanteur/guitariste qui me caresse l'oreille. c'est marrant, la musique comme le chant me rappelle quelque chose, sans que je parvienne à trouver quoi.



















et quand je trouve quoi c'est la méga honte. lorsqu'Archive entrera sur scène, le même chanteur et guitariste sera encore là. ben oui, c'est Dave Pen. quel nase ce crapaud.

tout ça pour dire que Dave Pen, Mike Bird et James Livingston Seagull (marrants tous ces noms d'oiseaux !) assurent une très bonne première partie, même si leur musique n'est pas si éloignée d'Archive.

d'ailleurs, alors que je n'ai pas encore réalisé qui est Dave Pen, je me dis que vraiment, quelle classe, une première partie dans le même style que le groupe suivant, le tourneur s'est donné du mal !





















une fois BirdPen sorti de scène, on se retrouve dans une légère obscurité et puis d'un seul coup, sans une trop longue attente, dans le noir complet. les premières notes de Controlling Crowds résonnent à mesure que des spots rouges s'illuminent. l'intro est palpitante, chez Archive les morceaux sont fleuves, ça me change de mon étang. et au moins, là, ça pue pas la vase.


le clavier de l'intro de Controlling Crowds résonne de manière impeccable dans la salle, les beats n'ont pas encore démarré que tout le monde semble déjà prêt à se laisser chavirer dans ces rythmes archiviens... l'ambiance se chauffe d'un seul coup, et le groupe fait son entrée, sous les hurlements de l'assemblée (tiens, Dave Pen !!).





















ah la la, le style anglais... pff, que de belles grenouilles bien sapées, chics et élégantes, y'a pas à dire, ça a de l'allure. votre crapaud a le regard happé par Pollard Berrier (chanteur et guitariste), sacrément sexy à sa manière de onduler de la croupe. et quand il commence à chanter, il va être difficile de regarder ailleurs...

lorsque je parviens à détourner mes yeux de crapaud mort d'amour, je m'aperçois que le clip du morceau passe derrière eux. mais le style de leurs vidéos en général, d'une belle esthétique mais toujours un peu inquiétant ou dérangeant, ne me met pas spécialement à l'aise alors je préfère m'ouvrir un peu aux autres, surtout que Pollard n'a pas l'air plus sympa que ça, un peu arrogant en fait.

sur l'extrême gauche (vu du crapaud), Darius Keeler (fondateur d'Archive), casquetté, bonne bouille, aux claviers, qui bouge comme un fou, rythmant le morceau par ses gestes saccadés ; vient ensuite Steve Harris, à la guitare, grand et élégant, qui lui aussi bouge admiralement ; Pollard est au milieu ; derrière lui Smiley, le batteur, et à ses côtés le bassiste Jonathan Noyce ; Pen est sur le devant de la scène entre Pollard et le deuxième fondateur d'Archive, également aux claviers et à la programmation (et à la guitare), Danny Griffiths.

Rosko John et Maria Q manquent à l'appel. Rosko entre sur scène sur Quiet Time, c'est lui le côté hip-hop du groupe. quant à Maria Q, elle ne sera pas là sur toute la tournée, au grand désespoir des fans, et à la satisfaction de votre crapaud, qui n'accroche guère à sa voix.

l'ambiance est très vite complètement entêtante et enivrante. l'air est chaud et douillet, on est bien. j'ai presque l'impression d'avoir mon casque sur les oreilles. l'acoustique et la balance sont vraiment bonnes pour une salle de cette taille, ce qui n'est pas si fréquent. les morceaux s'enchaînent, ne déviant pas d'un millimètre de la version album, c'est ultra pro. on sent que c'est un groupe à qui on ne la fait pas.

je comprends rapidement que je peux faire une croix sur Lights, pour l'instant les morceaux se succèdent dans l'ordre de l'album. difficile en même temps pour cet album concept d'apparaître sous une autre forme.

les premières notes de Collapse/Collide arrivent jusqu'à mes oreilles. qui va remplacer Maria au chant, Pollard ou Dave ? eh ben non, Pollard explique que Maria n'est pas là, mais on ne va pas la mettre de côté pour autant. le public s'anime. le clip commence. Maria est là, face à nous, sur grand écran.
je maudis alors la technique actuelle, en me disant que vraiment je n'aime pas cette chanson...









le public est plus que conquis à la fin du morceau. c'est juste dingo. une fois qu'on fait abstraction de la voix, ce morceau prend doucement de l'ampleur, vous entraînant petit à petit avec lui. l'impression de glisser d'un bon bain bien chaud où vous allez pouvoir vous dégourdir les cuisses.

l'album continue de se jouer devant nos yeux. je peux d'ailleurs vous donner la setlist sans avoir trop peur de me tromper de beaucoup... en fouillant sur internet, je me rends compte (avec une certaine indignation ou une certaine incompréhension) que le groupe a joué la même setlist au moins sept concerts de suite... de là à penser que c'est tous les soirs la même chose, il n'y a qu'un pas !

Controlling Crowds
Bullets
Words On Signs
Dangervisit
Quiet Time
Collapse/Collide
Clones
Bastardised Ink
Kings Of Speed
Lines
The Empty Bottle
Funeral

Rappels :
Londinium
Numb
Chaos
Again

jusqu'à Kings of Speed, il s'agit des parties I à III de Controlling Crowds, puis jusqu'aux rappels, de la quatrième partie.

je me rends compte que je suis très réceptif aux morceaux interprétés par Dave Pen, j'aime cette manière qu'il a de se cacher derrière ses cheveux, mais aussi ses variations vocales, moins rageuses et moins maniérées que celles de Pollard, son chant est plus doux, tout simplement. il donne juste la sensation d'y mettre vraiment de l'émotion, là où Pollard se contente d'afficher un air satisfait.

le point fort des chanteurs d'Archive, que ce soit Pollard, Dave ou Rosko, c'est leur dextérité à entonner vingt à quarante fois le même refrain. ils pourraient se sampler, c'est relativement à la mode pour un groupe, qui de surcroit est plus hop que trip et plus électro et progressif qu'il ne le revendique.

l'interprétation de Dave sur The Empty Bottle est impeccable, je ne résiste pas à vous faire découvrir le clip en vous rendant sur le site d'Archive (par ailleurs il se trouve que Dave n'est pas le plus moche du groupe, ce qui ne gâche rien !).

tant que nous sommes dans l'image, jetez donc votre oeil acéré de crapaud ou grenouille sur cette version de Numb filmée en concert, dont la qualité d'image et de son est assez remarquable. nous changeant par la même occasion des daubes filmées qu'on trouve sur youtube.



les morceaux du rappel, dont Numb fait partie, enflamment le public et fendent la foule de fans agglutinés dans la fosse.

même sans Lights, ce concert me transporte de la première à la dernière note. cette présence sur scène de tous les membres du groupe, quoi qu'ils ne communiquent guère, leur engouement si évident, leur investissement à deux cent pour cent sur chaque morceau, tout cela se traduit par une force planante et parfois violente dont il est difficile de se débarrasser.

lorsqu'Archive finit par quitter définitivement la scène, j'ai toujours la fièvre. mais je ne me sens plus du tout insensible comme à mon arrivée, je me sens complètement, comment dire... sous l'emprise d'un truc que je ne contrôle pas.
si les symptômes persistent, j'irai voir mon véto.

© for BirdPen, pictures from http://birdpen.com/
© for Archive, black&white picture by Julian Hayr
other pictures from www.archiveofficial.com or http://www.myspace.com/archiveuk

Monday 16 November 2009

small but important talk: l'heure est grave

vous avez bien lu.
l'heure est grave.

je m'en remets à vous, fidèles lecteurs des étangs voisins.
on m'a proposé d'inscrire officiellement juicy-frog sur la toile auprès d'un site web répertoriant les meilleurs blogs du moment (voir le commentaire sur la chronique de Sophia).

flatté le crapaud juteux ? oui et non.

vous me connaissez, vous connaissez ce blog, a-t-il un intérêt à devenir public ?
je veux dire vraiment public ?
lu par des batraciens de mares et étangs que je ne connais pas ?

à vous de me dire.
vous avez jusqu'au 30 novembre 2009 pour voter en cliquant quelque part à droite.

merci. le crapaud que je suis flagelle des cuisses en attendant vos réponses.

Sunday 15 November 2009

concert review: Shannon Wright (Magnet Club, Berlin, 04/10/09)

pour l'anniversaire de ma copine la grenouille phacochère du lac blanc, j'avais eu une super idée : lui offrir une place pour un concert qu'elle ne serait pas prête d'oublier.
Shannon Wright annonçait le sien au Magnet Club à ce moment précis. l'occasion était donc trop belle.

Shannon Wright au Magnet. arghhhhh, comment résister ?!

pour la petite histoire, toutes mes amies grenouilles m'ont toujours parlé de cette songwriter américaine, comme on dit en bon français, comme étant... "argghhh", "euh", "elle est... ahhhh". bref, selon la gente batracienne, y'a pas de mot pour définir Shannon Wright, leurs yeux brillants d'envie suffisaient à faire comprendre ce que la belle (?) provoquait sur ces dernières.

personnellement, la musique de Shannon Wright m'a laissé pendant de nombreuses années froid. sans que je trouve sa musique désagréable, je n'aimais juste pas spécialement.

et puis, un jour, la grenouille qui partageait alors ma vie de crapaud, a acheté Let in the light. je restais sans voix, bouleversé par Defy this Love, entre autres, et décidais alors que si Shannon Wright venait à croiser ma route, j'irai moi aussi me laisser emballer par cette formidable pianiste et guitariste.

c'est donc ainsi que nous nous retrouvâmes, ma grenouille et moi, au Magnet ce soir là.





la salle est particulièrement vide lorsque Kiki Bohemia grimpe sur scène après s'être chauffée dans la salle en dansant n'importe comment pour se faire remarquer.








la berlinoise nous toise d'un air arrogant, dissimulant sans équivoque un certain trac.
elle est seule en scène, seule avec une dizaine de manettes devant elle. elle appuie sur un bouton, les beats démarrent, elle appuie sur un autre, une guitare s'ajoute, une autre manette et hop, voilà des boucles sonores, et par dessus, elle sample sa voix. le premier morceau n'est pas mal, mais elle dégage une telle antipathie, qu'il est difficile de s'intéresser à elle davantage.

les autres morceaux se succèdent, sans aucune émotion ni aucun intérêt, avec parfois un "danke" qui n'apporte même pas un peu de chaleur à la salle. tout est glacial, sans amour, sans instrument.

lorsque Kiki Bohemia chausse un accordéon sur ses frêles épaules et sample quelques notes, on la trouve tout bonnement ridicule. après tout, elle aurait pu pré-enregistrer ces quelques notes sur une de ses manettes, comme pour les autres instruments.

cette demi-heure passe lentement. on voit cette fille qui du bout des doigts appuie sur ses boutons, trouve le moyen de couper un morceau alors qu'il n'est pas terminé, passe son temps à regarder ailleurs, et ça vaut mieux, car son regard de vautour fait froid dans le dos.

le concert se termine enfin, si on peut appeler ça un concert. elle remercie, et on assiste, médusés, pendant quinze minutes au rangement des dites manettes. un sacré matos pour pas grand chose.

mais bon, ma grenouille et moi, on ne se laisse pas décourager. nous ne sommes pas venus pour voir Kiki, mais Shannon.

alors que la salle se remplit lentement, que l'ambiance est d'une froideur à pleurer, une fille passe près de nous d'un air décidé, la guitare sur l'épaule, et grimpe sur scène. la voilà.

ses longs cheveux cachent son visage. on ne distingue que ses lèvres rouges épaisses. sa guitare résonne sans tarder. pas un mot. elle commence à chanter.




















brrr, quelle voix. à la fois rauque et rageuse. et quelle guitare, sèche et nerveuse.

mais alors, quelle tenue ! sapée d'un vilain collant à la mode h&m, d'un pauvre haut la mettant en valeur comme un cageot, elle est loin de mettre en émoi le crapaud que je suis.

Shannon Wright ne nous regarde pas quand elle joue de la guitare, elle est pourtant face à nous. ça me rappelle le concert de CatPower il y a quelques années, même si la comparaison s'arrête là.
quand elle joue du piano, on ne voit pas non plus son visage. il faut dire que ce dernier a été orienté de manière à ce qu'on ne voit que son profil gauche. on aperçoit malgré tout parfois les traits de son visage, et on se dit que c'est peut-être mieux qu'elle le cache. la pauvre semble bouffie, et elle ne laisse entrapercevoir qu'une face disgracieuse et plutôt laide (pardon pour les fans).

les morceaux qu'elle interprète au piano parviennent à me faire un peu frissonner. les autres à la guitare sont plutôt violents et semblent traduire son peu d'envie d'être là ce soir. elle manque de se prendre les pieds sans le fil de sa guitare, lorsque, par mégarde, elle se laisse emporter par un de ses morceaux, mettant de côté sa mauvaise humeur.

le concert commence et se termine déjà. on ne voit rien passer. aucune émotion. à peine un merci. elle quitte la scène en faisant un geste de la main. sans un sourire, sans un mot. le concert se termine comme il a commencé. dans la froideur la plus complète.

ma grenouille et moi, on se regarde. nous on a bien des mots pour décrire Shannon Wright. mais on les taira.

d'ailleurs on quitte la salle sans même acheter son nouvel album, un peu déconcertés d'avoir attendu si longtemps pour voir ça.

© for Kiki Bohemia, picture taken from www.myspace.com/kikibohemia
© for Shannon Wright, picture taken from http://blogs.myspace.com/viciouscirclerecords

Saturday 14 November 2009

the weekly barometer (weekend's special)

1. Cornerstone - Arctic Monkeys
2. Fables - The Dodos
3. Two Weeks - Grizzly Bear
4. The Party - St. Vincent
5. Amores Bongo - The Herbaliser

Sunday 18 October 2009

small talk: beds are burning

voici venue l'occasion d'associer mes deux passions de batracien, la musique et l'écologie.

mon sang de crapaud n'a fait qu'un tour, lorsque j'appris, via un des sites en faveur de l'écologie que je consulte régulièrement (je suis un crapaud moderne qui vit avec son temps, je consulte internet !), que Kofi Annan avait mobilisé l'attention (et la voix) de plusieurs artistes en faveur de la première pétition musicale pour la protection de l'environnement, à l'occasion du prochain sommet de copenhague.

et cette première pétition musicale n'est autre qu'une reprise effroyable de Beds are burning, le tube de Midnight Oil, ce groupe australien que votre crapaud chérissait tant jadis, et qu'il défendait avec virulence contre INXS.
























peut-être parce que Peter Garrett, son chanteur, était, et est toujours, un fervent défenseur de l'écologie.

bref, si l'initiative du prix nobel de la paix, et ancien secrétaire des nations unies, est tout à fait louable, cette reprise est dans la veine de We are the world, cet horrible morceau que la terre entière fredonna en d'autres temps.

une bonne trentaine, voire plus, je n'ai pas tenu le choc en tentant de regarder le clip que j'ai coupé avant la fin, d'artistes participe à l'action.
mais j'aimerais qu'on m'explique pourquoi on a fait appel à certains comédiens français... Michael Jackson n'est plus là, alors on se récupère Mélanie Laurent et Marion Cotillard (pour ne citer qu'elles), merci du cadeau !

en plus, ces voix qui vocifèrent, toujours la même bataille dans ce genre d'initiatives à celui qui beuglera le plus fort. Klaus Meine, de Scorpions, ne se débrouille pas mal du tout.

alors bon, voilà, si vous aussi vous téléchargez le morceau comme je l'ai fait en signe de soutien, vous pouvez aussi balancer à la poubelle ce mp3 pitoyable après son téléchargement. c'est chose faite de mon côté.

en attendant, s'il y a bien une voix imbattable sur ce morceau, c'est celle de Peter Garrett. c'est quand même plus classe, non ?, et lui au moins, il ne donne pas l'impression de chanter une ballade pleine de guimauve... allez, exigez l'original !

Wednesday 14 October 2009

the weekly barometer

1. Something - Sophia
2. Silence - P.J. Harvey
3. Lost - Sophia
4. Dear God (sincerely MOF) - Monsters of Folk
5. Inní mér syngur vitleysingur - Sigur Rós

Tuesday 13 October 2009

concert review: Sophia (Lido, Berlin, 29/09/09)

revoir sophia. enfin. après toutes ces années. revoir Robin Proper-Sheppard qui en avril 2001 était en deuil, après la mort de son pianiste. se laisser émouvoir à tout rompre par ses mélodies, sa voix parfois déchirante, ses sourires et ses pointes d'humour (noir).

alors forcément, quand on a vécu un tel moment, quel bonheur de revoir un groupe pareil. surtout que maintenant, Sophia se donne le nom de collectif. et There are no goodbyes, son dernier album est une pure merveille, en particulier The Valentine's Days Session, le deuxième cd, un live réalisé à vienne.

revoir sophia, au lido, quel beau cadeau. et cette soirée spéciale, je ne me voyais pas la passer sans ma grenouille phacochère, car c'est avec elle que j'étais déjà en 2001. bouclons la boucle.

nous voilà donc au lido, salle chérie devant l'éternel. l'excitation est à son comble. votre crapaud a déjà la chair de caïman lorsqu'il frôle Robin, crinière au vent, et que sa grenouille lui dit "t'as vu ?".
"Comment ? Qui ça ? Où suis-je ?! Non, allez c'est pas lui...". je ne l'ai pas reconnu, ça commence fort.

la tradition au lido veut que l'on commence la soirée par discuter en sirotant une astra ou un coca dans la cour intérieure, alors n'y coupons pas.

sauf que ma grenouille phacochère et moi, on est des chevronnés des salles de concert et quand on est ensemble, pas question de rater les premières notes. alors nous ne tardons pas à rejoindre la salle. l'atmosphère y est comme toujours paisible et féérique, les boules à facette tournoient dans les airs, on dirait qu'il neige. c'est juste beau.

il n'y pas encore grand monde, on peut se placer où on veut.
la scène est rapidement investie par des londoniens dont l'accent ne fait aucun doute sur le pays d'où ils viennent. voici encore un groupe "chorale", les Dark Captain Light Captain.





















Giles Littleford et Dan Carney sont à la guitare et au chant. j'ignore lequel des deux est Giles ou Dan. Neil Kleiner s'occupe de la partie électro avec son portable et ses boîtiers, mais apporte également sa contribution vocale. Chin of Britain, transfuge de Quickspace, se charge de la batterie (je n'arrive pas à me souvenir si lui aussi chante...). Mike Cranny de la basse, posant sa voix sur certains morceaux. Et enfin Laura Copsey, aux cuivres (et à la voix, est-il nécessaire de le préciser ?).
ils ont une dégaine marrante, ont l’air bien sympa, comme s'ils étaient eux-même surpris d'être là.

alors, n'y allons pas par quatre chemins, ce groupe assure côté musical. mais alors, je sais, c'est une question de goût, comme toujours, les voix, pff...
Giles, ou Dan, ou Giles, ou Dan, chante comme Peter Gabriel, ce genre de voix pas trop désagréable à écouter, mais qui, au bout de trois morceaux, devient insupportable, car toujours sur la même note.
et puis, bon, je l'ai déjà écrit ici.... arrêtez, bon sang, de chanter tous ensemble, c'est pas possible !

la musique des Dark Captain Light Captain dégage des ambiances feutrées, des accents rock, post-rock, de bonnes boucles, des rythmiques heureuses, de la tendresse sans mollesse.
un groupe qu'on écoute tranquillou dans son étang, le casque sur les oreilles pour profiter de chaque petit son (et des voix, pour ceux qui aiment). à écouter les yeux fermés de préférence et se laisser emporter. dommage malgré tout qu'on n'entende pas la fille, ni quand elle joue, ni quand elle chante, car à l'écoute du disque, les cuivres sont bien là.








































j'aurais acheté sans hésiter leur dernier album, Miracle Kicker, co-produit par Robin lui-même (Neil et Dan ont d'ailleurs participé au dernier Sophia), mais au final, oui c'est agréable, mais ça peine à décoller. et puis bon, ces voix là, non vraiment...

le groupe finit par quitter la scène et le public se rapproche et se concentre peu à peu.
avec ma grenouille, on est d'humeur badine, on rigole, on ne dirait pas qu'on va voir Sophia, ce Robin qui ferait verser des larmes au crapaud le plus insensible.

Sophia. arghhhh, voilà Robin Proper-Sheppard...





















la chaleur de son "good evening" envahit la salle. des anges passent et dansent gracieusement dans les airs, c'est doux et chargé à trois cents pour cent d'émotions pures.

élégant, souriant, les cheveux longs, il est là au milieu avec sa guitare. il attaque en parlant justement de sa coiffure. oui, il se laisse pousser ses cheveux, et alors ?!

There are no Goodbyes ouvre le bal, on ne pouvait attendre mieux.
Robin s'est entouré, sur cette tournée, d'un quatuor à cordes (trois violons et un violoncelle), qui va péter la baraque, entre autres, aux rappels lors de ce formidable morceau qu'est Lost. Ce morceau composé en hommage à sa mère qu'il a perdue il y a quelques années et qu'il a grand plaisir à jouer, expliquera-t-il - et qui vous file la chair de poule, de caïman, de ce que vous voulez, pour le reste de vos jours.





















car Robin, non seulement c'est un génie de la mélodie, un monstre de l'écriture, un excellent guitariste, mais c'est surtout un chanteur hors pair. cette voix, bon dieu. si on créait une échelle de richter vocale, je le placerais dans le peloton de tête, disons 2 sur l'échelle. parce qu'il les vit ses chansons, il ne fait pas que les interpréter, il y met toutes ses tripes, toute sa douleur, tout son bonheur, tout son amour. tout, il donne tout. dans son chant, il restitue toutes les émotions qu'il a mis dans son texte, au moment de l'écriture. je crois qu'il pourrait me faire exploser comme un vulgaire crapaud la clope au bec, si je l'écoutais au casque. j'ai jusqu'à présent évité, pour tout vous dire. déjà sur ma chaîne, c'est impossible de faire autre chose en entendant sa voix, alors au casque... (mais je vais bientôt me laisser tenter, avoir pour soi, rien que pour soi, cette voix qui vous caresse les oreilles, grrrrrrr...).

ahhhh, Sophia. comment vous dire ?
la mélancolie à l'état pur, oui c'est ça.
le pendant musical parfait de meinetwegen.
à ceux qui disent que la mélancolie ça fout les boules, c'est triste, ben je réponds, passez votre chemin. la mélancolie c'est beau et c'est fort. vous ne trouverez pas plus fort, ni plus beau.























bon enfin, voilà, le concert est tout sauf triste. la justesse musicale de tous les musiciens est éclatante, on sent que le batteur n'est pas un rigolo, aux gestes impatients qu'il fait à l'ingé son pour qu'il mette plus de puissance sur la guitare et la voix de Robin. le pianiste balance ses boucles à mesure qu'il créé ses boucles entêtantes, les bassistes et guitaristes sont concentrés et dans leurs mondes, ils se dérideront malgré tout quelques fois pour nous offrir un vrai beau sourire ne trahissant rien de leur bonheur d'être sur scène. et les violonistes, ils se dandinent en attendant leur tour, la violoncelliste délaisse son violoncelle sur Storm Cloud pour un petit clavier dont les notes font remuer votre popotin de batracien.





















le concert touche à sa fin, mélangeant des morceaux du dernier album, de Technology won't save us, mais aussi The infinite Circle. certains morceaux me semblent inconnus. mais l'essentiel est là : l'excellente setlist a fait l'impasse sur Fixed Water. pas de "I'm only happy when you're sad" ou de "Is it any wonder that to me love has no meaning" ou encore "I try to understand but I just hurt you instead". c'est peut-être mieux comme ça, sinon ça aurait été la vallée des larmes de crocodile...

pour les rappels, Robin revient seul avec le quatuor. il interprète, entre autres, Something, ce très beau morceau qu'il chante normalement sur l'album en duo avec Astrid Williamson.
dommage qu'elle ne soit pas de la partie. la version qu'il en fait ce soir, seul au ukulélé, ne perd pour autant rien en intensité. d'ailleurs, je vous propose de découvrir ce morceau là, tout de suite avec Astrid.

lorsqu'ils quittent à nouveau la scène, personne ne bouge dans le public, même si nos cuisses de crapaud et grenouille commencent à souffrir de la position debout.
pourquoi voudrait-on partir ? Robin a passé la soirée à faire de nous ses copains, nous racontant une multitude d'histoires, la genèse de certains morceaux, interpelant ceux qui, dans le public, se marrent pendant qu'il chante... et le tout ponctué d'inombrables "fuck" tombant à point nommé !

alors voilà, on reste là. et ils finissent par revenir nous jouer un morceau... bruyant, affreux, détruisant toute la douceur passée. c'est bon, on a compris, une fois le morceau (interminable) achevé, on ne demande pas notre reste.

on quitte Sophia, on crève de chaud mais on a quand même encore la chair de cocotte, encore et toujours...
et alors que nous sortons, la voix de Thom Yorke surgit soudain, Sail to the Moon inonde le lido. mais avec qui ai-je passé la soirée ?!...


© for Sophia, pictures by Mike Menzel (www.emo-pics.de)
from www.lido-berlin.de/gallery
© for Dark Captain Light Captain, pictures from www.myspace.com/darkcaptain

Sunday 11 October 2009

the weekly barometer (sunday's special)

1. Take five - The Dave Brubeck Quartet
2. Fredericia - Do Make Say Think
3. The sleepless - Red Snapper
4. Work it! (Man with the movie camera) - The Cinematic Orchestra

Sunday 4 October 2009

concert review: The Dodos (Magnet Club, Berlin, 11/09/09)

tout simplement improvisé. l'envie toute simple de découvrir un groupe.
ma grenouille de l’étang du nord, actuellement sur paris et bientôt sur bruxelles, me confiait dernièrement que ce groupe faisait partie de ses chouchous du moment. comme elle n°2 en matière de conseils musicaux, après mon Mentor, je n’ai pas attendu longtemps pour aller voir ça sur myspace.

le lendemain de la première écoute, j’avais un air qui me trottait dans la tête, sans parvenir à identifier de qui il s’agissait.

deux jours plus tard, toujours le même air. je cherche, je cherche, je creuse mon ciboulot de batracien. je trouve. c'est eux. dingue, j’ai déjà un de leurs morceaux en tête après une seule écoute.

alors quand je vois dans leur liste de concerts que The Dodos sont à berlin, huit ans jour pour jour après Radiohead, je me dis que je ne dois pas rater ça. surtout qu’ils passent dans le mythique Magnet Club.

le Magnet Club… ah la la, en un seul concert, cette salle passe dans le peloton de tête de mes salles préférées. petit, bien plus petit que le Lido, la scène est minus, la table de mixage est dans la salle, les murs sont bruts, une petite boule à facette pend au plafond, le bar est assez spacieux et offre (oh bar de rêve) de la staro, mais oui, mais oui, ça nous change de ces pils crados qu’on trouve d’habitude aux concerts. tout le monde est archi sympa, du gars qui déchire les billets à l’entrée, à celui qui tient le (petit) vestiaire, sans oublier les mecs qui servent au bar. lorsqu'on entre dans la salle, à gauche après le bar, se trouve une petite terrasse où se réunissent fumeurs, buveurs de bière et ceux qui recherchent un peu d’air frais.

c'est là même que nous commençons la soirée, avec ma grenouille belgo-suisse, qui m’accompagne volontiers à des concerts de groupes qu’elle ne connaît même pas, juste comme ça, pour le plaisir de la découverte et pour me faire plaisir… sympa non ?!

on se boit une petite bière en attendant que le public arrive, on est les premiers (!), on papote. la terrasse se remplit doucement, on papote, on papote, on entend la musique commencer, on ne bouge pas, on papote toujours, on rigole…



et puis on finit par se bouger, parce que Wye Oak nous attend encore pour un morceau, un seul. Jenn Wasner à la guitare et Andy Stack à la batterie, un seul morceau suffit pour se rendre compte qu’on aurait mieux fait d’être là dès le premier morceau. une voix féminine très agréable, aux teintes rappelant celle de Chan Marshall (Catpower), une guitare pas timide, et une batterie qui pète.

quels balourds quand même, on aurait pu rentrer plus tôt…





bon enfin, voilà, on attend maintenant que The Dodos arrivent. il y a pas mal d’américains dans la salle, petit à petit on est de plus en plus serré (idéal en ces temps de grippe A, même si à berlin, tout le monde s’en balance !), il fait chaud, on est bien.















Meric Long, Logan Kroeber et Keaton Snyder finissent par investir la scène. Meric, à la guitare et au chant, se place sur l’avant gauche de la scène (vu de l’œil du crapaud), Logan, à la batterie, à droite. Keaton Snyder, au vibraphone, entre autres, se trouve derrière eux. ils n’ont pas trop de place pour se bouger, nous non plus d’ailleurs.


ils sont là pour présenter Time to die, leur dernier album. un album qui, sur disque, dégage des ambiances rock sans équivoque mais léchées, des mélodies incroyablement bien ficelées, entêtantes et qui parfois caressent presque l’oreille.




là, devant nous, ça tape avec bonheur et harmonie. le batteur est une méga bête, un furieux, j’en sue comme un vieux crapaud au soleil (mais je m’en fous !). il est sidérant dans sa façon de casser un rythme pour un créer un autre, enchaînant et mélangeant je-ne-sais-combien de rythmes différents, il est impeccable dans ses gestes, on dirait que ses baguettes, qu’il écrase avec brio sur sa batterie, ne sont que le prolongement logique de son corps. il est… prodigieux, tout bêtement !












et je ne vous parle pas du guitariste qui ne s’arrête pas une seconde lui non plus. il gratte, il gratte, il sue, il chante admirablement bien, parfois il crie un peu, laissant éclater sa joie. il a une voix terriblement agréable, un accent américain charmant, il est responsable à lui seul des mélodies qui vous rentrent illico dans le ciboulot, quel talent, c’est pas possible, et quel bonheur, mais quel bonheur.

et le troisième. c'est grâce à lui si le premier morceau est une tuerie absolue, ahhh quelle entrée en matière ! Logan et Keaton tapent comme des sourds, c’est génial sans être bourrin. il ajoute une petite touche magique à chaque morceau, xylophone, vibraphone, guitare, scie musicale, j’en passe…

The Dodos enflamment le public avec Fables, LE morceau que j’ai constamment dans la tête et que vous pouvez découvrir sur cette vidéo :


Fools déchire le plafond, ah la la, que c’est bon tout ça ! certains grincheux diraient que c’est bruyant mais c’est juste jubilatoire, incroyablement bon !

tous les morceaux sont formidables, et il est regrettable de ne pas avoir plus de place pour pouvoir sauter partout !

devant nous, au milieu, une grande asperge, dansant comme un fou, connaissant les morceaux par cœur, gigote comme s’il était tout seul, c’est chouette à voir…

quand le concert se termine, avant même les rappels, tout le monde est trempé. ça poisse quelle que soit la personne avec qui on entre en contact. j'aperçois même les trois larrons en train de quitter la scène, serviettes autour du cou.

tiens, mais oui, je les vois ! il faut dire que nous étions une foule si compacte, qu’à part le visage de Meric apparaissant parfois telle une sainte vierge, suant mais illuminé, à part la moustache de Logan restant collé à sa lèvre malgré l’énergie qu’il déploie sur sa batterie, à part les mains de Keaton, apparaissant sur la scène comme des génies sortant de leur boîte, oui à part ça, je n’ai pas vu grand chose…

mais qu’importe, ce concert était tellement fabuleux, inattendu, impressionnant. je ne sais pas quel âge ont ces petits mais ce sont des jeunots… !

alors ça promet pour les années à venir !

quand je repense à la grande asperge, ce fan de la première heure, je me dis que ce n’est pas difficile de le devenir quand on voit un jeune groupe d’un niveau pareil…

pour vous en convaincre, si cela était nécessaire, je vous propose de regarder une des soirées à emporter de l’incontournable (et excellente) blogothèque, avec The Dodos, filmée par Nathanaël Le Scouernec. c'est par ici.

et si le cœur vous en dit, suivez ensuite Nate Chan et Chryde à san francisco, pour a takeaway show dont la blogothèque s’est fait la spécialité. un concert à emporter pendant lequel Meric et Logan jouent tout en marchant, dans la rue, dans une rame de métro, dans des couloirs…

si la qualité du son n’est pas optimale, ce film vous donnera malgré tout un aperçu du talent infini des Dodos. reliez un casque à vos oreilles, vous ne le regretterez pas.


© for Wye Oak, picture taken from www.myspace.com/wyeoak
© for The Dodos, pictures taken from www.myspace.com/thedodos

Friday 2 October 2009

the weekly barometer (weekend's special)

1. I bet you look good on the dancefloor - Arctic Monkeys
2. Conerstone - Arctic Monkeys
3. Crying lightning - Arctic Monkeys
4. My propeller - Arctic Monkeys
5. The bad thing - Arctic Monkeys

Tuesday 29 September 2009

small talk: would you like to split up or not?

une nouvelle m'a fait frémir ce matin...
il l'a annoncé ce matin... arghhhh....

(oui je sais ça veut rien dire, mais bon, d'abord, il fait un -super- album en solo, ensuite il sort des morceaux comme ça à droite à gauche, et pour finir il annonce que pour lui le cd n'a plus d'avenir... m'enfin, quand on pense que In Rainbows aurait pu ne jamais voir le jour, on ne va pas se plaindre)
























reste maintenant à trouver un nom à tout ça.
demandons à Adam Buxton, il a sûrement sa petite idée...

© picture from http://www.radiohead.com/deadairspace/

Sunday 27 September 2009

small talk: us vs. uk

une grenouille belgo-suisse et néanmoins bonne amie, m’accompagnait dernièrement à un concert d’un groupe américain, dont vous vous trouverez ici-même très bientôt la chronique, et me fit la remarque suivante : « c’est marrant, mais ça ne m’étonne pas que tu aimes ce groupe, toi le fan de musique anglaise » (par opposition à la musique américaine, NdR).

je rétorquais alors, amusé par un tel constat, que The Dodos était un groupe américain.

ma grenouille prit un air surpris et gêné à la fois, « ah oui ? ».

puis j’ai commencé à lui faire une liste mentalement des groupes américains que j’aimais…

alors puisqu’on me colle l’étiquette de la pop et du rock anglais (que j’accepte avec un bonheur infini), chère grenouille voici ma réponse, sans rancune aucune, sous forme de liste (non exhaustive et sans ordre de préférence).

Calla / The National / Midlake / Animal Collective / Andrew Bird / My Brightest Diamond / Beirut / The Dodos / Sophia / Blonde Redhead / Sparklehorse / Beastie Boys / So Called / Spoon / Grizzly Bear / MGMT / M. Ward / Elvis Perkins / Bright Eyes / Kristin Hersh / Gossip / Steven Merritt / Scott Walker / Bon Iver / The Decemberists / Shannon Wright / D.J. Spooky (that subliminal kid) / Pavement / Camphor / Anti-pop Consortium / I love you but I’ve chosen darkness / Elliott Smith (RIP) / Thievery Corporation / D.J. BC / Girl Talk…

sans compter que ma grenouille brixtonienne m’a très récemment fait (enfin) découvrir Sonic Youth (oui bon je sais, il serait temps…)… et qu’en plus je pourrais ajouter à cette liste, les nombreux artistes canadiens qui ont le bonheur de passer sur ma chaîne ou sur iPop, puisqu’ils font eux aussi partie du continent américain. mais bon certains d’entre eux étant québécois, je ne me permettrais pas de les associer à la musique américaine, quelle hérésie !

si ça vous dit je ferai prochainement la liste de mes groupes anglais préférés !

non mais !

Saturday 26 September 2009

the weekly barometer (weekend edition)

1. Lights - Archive
2. Kill Bill vol. 4 - Modeselektor
3. Brother Sport - Animal Collective
4. Ballad of the broken Birdie Records - Múm
5. Anti-Orgasm - Sonic Youth

Wednesday 23 September 2009

concert review: Múm (Lido, Berlin, 05/09/09)

à moitié motivé pour ce concert le crapaud juteux. pour une raison simple: le dernier album de Múm, ces islandais chéris pendant tant d'années par votre serviteur, ben ce dernier album, sing along to songs you don't know, ben il ne l'enthousiasme pas, mais alors pas du tout.

ces chants de chorale à n’en plus finir, « la la la la la la la la la », y’en a marre. ça me fait le même effet que lorsque A Silver Mount Zion s’est mis à faire de la chorale avec le Tra-la-la-Band (rien que le nom…), finies les belles envolées musicales et bonjour les chants tous ensemble. j'aime pas les chorales, j’ai jamais aimé. y'a encore que Grizzly Bear ou Fleet Foxes que je supporte, là tout de suite. et encore, parfois c’est limite. bon passons, et venons-en au fait. pas très motivé, pour une simple raison : depuis que Kristín Anna a quitté le groupe, c’est tout simplement plus pareil. sa voie frêle et douce, comme si elle allait parfois éclater en sanglots, cette voix là m’avait ouverte la porte aux voix féminines. et sans compter que les petits sons fabuleux de Gunnar et Örvar, bref, ça avait de la gueule.

pas que les deux derniers albums sans Kristín Anna et sa sœur jumelle Gyða soient moins bons, ils sont juste différents. ils sont plus joyeux qu’avant en fait. et ce que le crapaud aimait sur l’excellent Yesterday was dramatic, Today is OK, c’est qu’on sentait une certaine mélancolie, une tristesse mêlée à une joie naissante. lesquelles ont désormais disparu, mais pourquoi pas, ne soyons pas sectaires.

me voilà arrivée au Lido, sans plan, au nez, la classe, ça m’est encore jamais arrivé… j'attends sagement ma grenouille accompagnatrice de la soirée, ma copine du lac blanc. j'ai bien envie de voir la première partie, Benni Hemm Hemm. après avoir écouté quelques extraits là, je suis sûr que ça nous plairait, à ma grenouille et à moi. le seul truc c’est que la dite grenouille tarde à arriver, et quand elle arrive, on est tellement heureux de se retrouver (on ne s’est pas vu depuis super longtemps) qu’on va se boire une bière et se fumer une clope dans la cour intérieure du Lido plutôt que d’aller écouter la première partie. les gros nazes. surtout que fumer pour une grenouille, ça peut être dangereux…

je vous passe nos conversations d’anciens combattants batraciens. laissez-moi plutôt vous décrire le Lido, un tout petit peu. une salle magique. toute petite. toute jolie et chaleureuse. avec des escaliers pour s’asseoir dans un coin. voici quelques photos pour vous faire une idée.

une fois qu’on a passé la caisse, la salle se trouve à droite. mais on peut continuer tout droit, passer devant le stand où il y a d’habitude les CD, DVD, t-shirts et autres merveilles à acheter. et on passe une porte, puis une deuxième et on arrive dans le patio. magique, sympa, bière pas terrible (l’astra), mais super ambiance. surtout en été.

la salle en elle même est chouette comme tout. une simple boule à facette au plafond, un bar à l’entrée, des dits escaliers sur la gauche, la scène occupant une bonne partie de l’espace. parfois y a des projections sur les murs. c'est petit, c’est mignon, et quand on est soi même nain (et mignon ?), on s’y sent bien. c'est au Lido que j’ai vu My Brightest Diamond, un moment fabuleux. mais aussi Art Brut, un moment drôlissime.

bon, on discute avec ma copine grenouille, et d’un seul coup on se rend compte qu’il n’y a plus grand monde autour de nous. et surtout on entend de la musique !

on arrive dans la salle, on ne peut pas être plus au fond, contre le bar. ça ne me stresse même pas. ça ne peut pas énerver quiconque d’ailleurs, car si Múm est déjà sur scène en train de jouer, les 3/4 du public sont assis par terre. la vue est dégagée, l’ambiance est tout simplement à l’apaisement, la rêverie, l’abandon de soi, que c’est agréable…

et puis le morceau se termine, un autre va pour s’enchaîner, et des voix se font entendre. des voix du fond. aufstehen! dans la langue des Einstürzstende Neubauten, ça veut dire « debout » ! alors le public se lève et d’un seul coup, il y a plein de place… alors nous nous avançons pour mieux voir.

donc voilà Múm.











un petit pincement au cœur lorsque je localise Gunni et Örvar. je fais le compte : la chorale se compose quand même de sept personnes, pas une de moins. la violoncelliste/violoniste m’énerve en moins de deux morceaux, elle gesticule, elle braille, on ne voit qu’elle, sa joie de vivre est indécente ! je me concentre sur Eiki, au clavier et à la trompette, sur le devant gauche de la scène, et à son opposé, Örvar, tout à droite. au milieu Hildur, l’énervante, et, à ses côtés, Silla qui chante aussi et qui joue (entre autres) du ukulélé. Gunni (à la basse), Robbi (à la guitare) et Samuli (à la batterie) sont en retrait.

je commence à bouger un peu du croupion, ouéé, c’est bien. ils ont quand même l’air sympa les Múm. des bonnes trognes, ils se la pètent pas. cool, quoi. Örvar raconte des anecdotes entre les chansons, l’ambiance est vraiment chouette. mais j’ai presque l’impression de regarder un concert à la télévision. je n’accroche pas, bon sang. on se lance des regards complices avec ma grenouille, on s’échange nos places pour avoir différents angles de vue.

et puis la magie opère enfin avec A little bit, sometimes… deuxième morceau du quatrième album, bien rythmé, aux agréables « Someeetiiiiiiimmmmes », bref, d’un seul coup d’un seul, je suis dedans, et bien dedans. ahhh, que c’est bon. j'arrête de détester Hildur, je regarde Silla, les garçons, bref, tout va bien. on dirait que le concert commence (ma grenouille me confirmera plus tard que, pour elle aussi, ce morceau a été décisif). les morceaux du dernier et du précédent album s’enchaînent, la scène dégage une pêche et une joie incroyables. quelle harmonie et quel bonheur, sur scène, comme dans la salle et c’est tellement agréable de les voir danser, chanter tous ensemble, hurler, se sourire, se faire des clins d’œil, des blagues, nous sourire.

honnêtement, je ne peux pas vous donner la setlist ou vous dire quels sont les morceaux qui m’ont fait vibrer. tous étaient épatants tout simplement. des petites attractions ponctuent le concert : Örvar annonce que Samuli a quitté la scène. puis il revient, sous un tonnerre d’applaudissements. Sur un autre morceau, Eiki passe à la basse, Gunni à la guitare. Örvar attrape son melodica, qu’il abandonne ensuite pour sa console, Silla se munit d’une guitare, Hildur frappe dans ses mains, joue avec les cordes de son violon, Örvar prend une guitare. la folie. ça a l’air tellement facile la musique avec eux.

à se demander si, en islande, on ne naît pas avec des instruments entre les mains. tous les groupes islandais sont comme ça, sans exception aucune.

bref, quand ils quittent la scène, je me sens emplie de bonnes ondes et d’un bonheur communicatif. ma grenouille a l’air également ravie, je l’ai même vue chanter sur un morceau !

pourtant (ben oui, il faut toujours qu’il y ait un « pourtant » !), dommage qu’ils n’aient pas joué de morceaux du premier et du deuxième albums, qui restent pour moi, les meilleurs (ou tout au moins mes préférés). mais bon, c’est pas si grave non plus.

et les revoilà sur scène. tout content. ahh, qu'ils sont sympa quand même. la lumière se tamise à nouveau. et puis une note, une seule note d’Örvar… et d’un seul coup, votre crapaud se transforme en putois et se met à coasser comme un fou. j'ai juste pas réussi à me contrôler, j’ai un peu honte. je sens ma grenouille me regarder avec étonnement. mes yeux se mettent à briller, alors que quelques autres putois braillent encore plus fort, ayant eux aussi reconnu l’incroyable, la formidable, la fabuleuse, la splendide Ballad of the broken Birdie Records. oh la la, c’est pas vrai, je commence à chouiner, elle va chanter. Silla va remplacer Kristín Anna, arggghhh, c’est pas possible. j’essaye de ne pas y attacher d’importance, ce qui compte c’est qu’elle chante. ahhh, plus que quelques secondes, elle va commencer… je suis prise de tremblements, mon cœur semble prêt à exploser, et au moment où elle desserre les lèvres, je m’abandonne enfin complètement à cette jolie voix... parce qu’elle chante doucement, avec tout plein d’amour, tandis que les autres s’excitent comme des tabanés sur leurs instruments.

si cette chanson me paraît particulièrement réussie c’est parce qu’elle allie avec perfection les rythmes post-rock, les bruitages électro et une voix douce et pleine d’émotions. et ce soir, Múm ne fera pas durer le morceau 5mn et des brouettes comme sur l’album, mais une éternité. autant dire le bonheur total.

les lumières se rallument sur le sol du Lido, je rouvre les yeux, sans parvenir pour autant à cacher mon émotion. ma grenouille me sourit et me rejoint (elle avait fini par grimper sur les marches pour mieux voir). elle me demande ce que c’était que ce morceau. je lui explique. et elle me demande pourquoi je n’ai pas voulu venir sur les marches avec elle. ben parce que j’étais comme dans un cocon, là, au milieu des autres. j’étais bien, juste bien…

… et alors que nous quittons lentement la salle, la bande son nous donne les résultats du championnat de foot anglais. chelsey a perdu. alors on retourne se boire une bière pour oublier.

© all pictures from Múm taken from http://mum.is
© Pia Thierer, for pictures from Lido taken from http://www.lido-berlin.de/gallery