Tuesday, 11 May 2010

concert review: Tocotronic (Astra, 18/04/10)

alors que l'économie aérienne est paralysée, sur l'étang on se réjouit d'un tel événement. surtout parce que ce soir, votre crapaud ne risque pas de voir son concert annulé, par manque de vols.

non, ce soir, c'est endlich zu Hause...

car pour la première de sa vie, le crapaud va voir un groupe allemand en concert, dingue non ? enfin, non, plus exactement, il va voir un groupe allemand pour la première fois en concert sur le territoire national, voilà tout.

bizarre sensation avant de pénétrer dans l'Astra. il fait horriblement lourd à l'extérieur, presque moite, l'ambiance n'est pas spécialement locker. l'humeur du crapaud s'en ressent. maussade, il n'a juste pas envie d'y aller, bien que sa grenouille phacochère l'accompagne.

grenouilles et crapauds aux alentours ont pourtant l'air sympathiques, malgré leurs tenues ne ressemblant à rien, ou en parfaitement harmonie avec le groupe de ce soir.

car la grenouille ou le crapaud fan de Tocotronic ressemble à ça :


















pour vous présenter un peu ce groupe hambourgeois, le quatuor est sans doute un des meilleurs groupes de rock teutons du moment (« du moment » ça veut dire « au moins depuis 2008 », date à laquelle votre crapaud les a découverts, même s'il est en activité depuis 1994 !). pourtant il est loin de rallier tous les amoureux du rock outre rhin, pour la simple et bonne raison que Tocotronic ne se contente pas de gratter sur des guitares comme des bourrins. leurs textes sont tout simplement d'une beauté à couper le souffle, pour peu qu'on les comprenne, associant poésie, mélancolie, colère et parfois violence.

certains de mes potes me déconcertent quand ils me disent que Tocotronic, c'est intello, pas rigolo, ça pète pas assez. ouais.

pourtant un groupe qui chante eure Liebe tötet mich (« votre amour me tue », pour résumé), moi ça me fait autant frissonner que lorsque les singes arctiques chantent Cornerstone.

il est quand même rare dans le rock actuel de trouver des textes qui vous accrochent autant par leur musicalité que par leur contenu et leur intérêt littéraire.

bon, alors nous y voilà.
frissons et remuage de popotins en perspective.

un vrai concert avec une majorité de batraciens teutons, ça se concrétise, pour le crapaud nain que je suis, par une grande souffrance : car le batracien teuton est sacrément grand, bon sang.
heureusement, la scène est surélevée...

c'est comme ça que je vois arriver Dillon sur scène avec une chose dont on ne saurait définir le sexe. Dillon ouvre le bal en gesticulant bizarrement, dissimulant assez mal un certain malaise. le carnage peut alors commencer. Dillon chantche en anglaich mais la pauvrche elle a chertain défchaut de pronchiachion. à chaque morcheau, je prie le dieuch des batrachiens de fairche quelque choche. (la preuve qu'il n'existe pas, c'est qu'aucun miracle ne s'est produit).

Dillon est au piano, et à la boîte à rythme, la chose (qui s'appelle en fait Leon) est à la guitare et aux percus. Dillon fait des vocalises, chante (mal) l'amour, la vie, dédicace une chanson à mère, simule (mal) la colère sur un morceau, salut le public, remercie les Tocotronic, quitte la scène avec la chose. à mon avis, elle va aller se faire un fixe dans les cabinets, elle a l'air trop mal. pauvre canarch, sa souffranche va chans doute s'arrêter ce soir, car ch'est la fin de la tournée des Tocotronic.

































la grenouille phacochère me regarde d'un air piteux et désespéré. comment les Tocotronic peuvent-ils être précédés d'un truc pareil? on se souvient avec émotion de la première partie des Neubauten à la Cigale en 1997...

m'enfin, ça n'empêche pas le public de se resserrer. il fait méchamment chaud. et je ne vous raconte pas la montée en flèche des températures lorsque Jan Müller (basse), Arne Zank (batterie) et Rick McPhail (guitare et clavier) posent le pied sur la scène. et l'hystérie collective que provoque Dirk von Lowtzow (guitare et chant) en beuglant comme un malade « endlich zu Hause ». enfin à la maison ? mais enfin, Dirk, t'es de hambourg pas de berlin...

peu importe, Dirk a l'air ivre de bonheur (et peut-être pas que de bonheur) et parle BIEN BIEN FORT pour que tout le monde entende bien. j'ai du mal à croire que c'est ce gars-là qui me met la chair de dindon quand il chante das Blut an meinen Händen ist von dir...

mais ne soyons pas bougon pour autant, je bondirai quand même bien partout pour montrer que je suis content d'être là, surtout que la soirée s'ouvre avec Eure Liebe tötet mich. extrait du dernier album du groupe, Shall und Wahn, qui a une puissance émotionnelle à faire fondre en larmes un crocodile.

sauf là. une froideur excessive se dégage de la scène malgré la chaleur qui étouffe la salle. Dirk chante comme un balourd, lui qui, sur disque, a une voix pure et nette, un accent doux qui vous caresse l'oreille, là il braille et en plus le son est tellement fort et mal réglé, qu'on ne comprend rien de ce qu'il chante. oui bon d'accord, a priori, je connais les paroles, mais bon, sur les morceaux qui me sont, par la suite, inconnus, dur dur.

mais ein leiser Hauch von Terror vient faire oublier Dillon, la moiteur, les grandes grenouilles qui sont partout, la légère arrogance de Dirk von Lowtzow, le son pourri, on se laisse prendre, allez, zou !

chers amis non germanophones, je vous laisse vous délecter des titres qui composeront cette soirée :

Eure Liebe tötet mich
Ein leiser Hauch von Terror
Die Folter endet nie
Grenzen 2
Verschwör dich gegen dich
Schall und Wahn
Aber hier leben, nein danke
Imitationen
Jenseits des Kanals
Ich werde nie mehr alleine sein
Verstand zurück
Masterplan
Let there be rock
Macht es nicht selbst
Drüben auf dem Hügel
Keine Meisterwerke mehr
Stürmt das Schloss
Gift

Encore:
Mein Ruin
Ich bin viel zu lange mit Euch mitgegangen
Sag alles ab

Encore 2:
Die Idee ist gut, doch die Welt noch nicht bereit


une fois qu'on a fait son deuil d'un son ultra fort et ultra pourri, on ne peut que s'incliner devant les titres les plus récents de Tocotronic (les trois derniers albums en tout cas). une rythmique impeccable, des guitares réglées au millimètre près qui vous rappelle que vous êtes venu voir un groupe de rock et non pas un ballet de danse classique. Dirk von Lowtzow s'applique sur son interprétation de Aber hier leben, nein Danke... (je me rends alors compte que j'ai toujours mal compris le titre de ce morceau et que j'ai toujours chantonné « aber Ihr Leben, nein Danke!! »)
ah mais ce Dirk, comme il se la pète, c'est pas supportable. tout le groupe en général d'ailleurs, sauf peut-être Rick McPhail qui, derrière sa guitare, a l'air authentiquement sympathique.

le temps d'un morceau, Arne Zank, le batteur, s'empare du micro tandis que Rick passe à la batterie.

mais le son est trop fort, il fait horriblement chaud, ma grenouille craque sur Jenseits des Kanals, me fait signe et recule. c'est pas tenable. je la suis sans me faire prier, trop préoccupé par l'idée de ne pas me faire écraser par la grande grenouille qui me colle depuis Die Folter endet nie. on ne peut pas se tourner, pas danser, pas bouger, la crise de panique du crapaud n'aura pas lieu, c'est déjà ça de gagné.

sauf qu'en étant plus loin donc, moins serrés, ça ne change malheureusement rien à la qualité sonore. ni à l'ambiance. c'est même pire, j'ai l'impression de ne plus être dans le public. je respire mieux, certes, mais me sens en dehors du concert, même si Macht es nicht selbst me ramène un peu dedans. se concentrer sur la musique, oublier que le son est dégoûtant, que le groupe est arrogant, que le moral est au plus bas et que ma grenouille m'a dit qu'elle allait partir parce qu'elle n'en pouvait plus. je reste là comme un crapaud désœuvré, la mort dans l'âme, à écouter ce groupe que j'aime malgré tout. je découvre des morceaux que je ne connais pas et que le public chante à pleins poumons. les premiers rifs de guitare de Gift me ramènent à la vie... (gift veut dire « poison »...). oh la la, le morceau auquel je n'osais pas croire, ce titre qui clôture en beauté et en puissance post-rockienne Schall und Wahn mais aussi le concert.

les Tocotronic sortent de scène, Dirk ne pouvant s'empêcher de beugler encore une dix millième fois « VIELEN DANK! ». j'hésite à partir. le groupe n'a joué que peu de titres de Kapitulation, son précédent album, mon préféré. je ne désespère pas d'entendre peut-être encore un morceau.















et ils reviennent sur scène. Mein Ruin (le morceau qui ouvre Kapitulation) me met les larmes aux yeux parce que je me dis que ma grenouille aurait dû rester. Sag alles Ab m'achève, je me replis vers la sortie imitant Tocotronic qui se retire. le concert est terminé, le moral est en berne, je serais prête à m'enfiler deux kebabs pour calmer la faim qui me broie le bide et trois litres de guinness pour oublier mes idées noires. je rode près du stand du groupe pour acheter Kapitulation. la fille me répond qu'elle n'a plus de CD car on est en fin de tournée, mais que je peux l'acheter sur le site web du groupe. wunderbar, je me sens en forme pour tout faire péter autour de moi. j'entends alors la clameur de la salle reprendre, c'est pas possible ils reviennent encore une fois.

je me fais une place au milieu des autres batraciens, je reviens pour Die Idee ist gut, doch die Welt noch nicht bereit, un morceau fleuve qui fait chanter toute l'assemblée. de là où je me trouve désormais, le son est encore plus crado et les gens papotent comme s'ils étaient en train de prendre le thé. vous prendrez du sucre ?

je tourne le dos à la salle sur la dernière note de guitare et je rentre chez moi, sans trop savoir comment, les yeux au sol, les lèvres serrées.
je n'ai qu'une envie, être au plus vite dans ma grotte et pleurer un bon coup. et oublier tout ça, vite.

© Dillon's pictures taken from Konzerttagebuch
© Tocotronic's pictures taken from MySpace, Zuckerkick and Alternativefanpage

Sunday, 2 May 2010

the weekly barometer (weekend's special)

1. Catapult - Arctic Monkeys
2. A far Cry - We Were Promised Jetpacks
3. Stockings to Suit - The Rascals
4. Percussion Gun - White Rabbits
5. Dress - P.J. Harvey