Saturday, 4 June 2011

concert review: post-rock season, part 1 featuring Codes In the Clouds

l'hiver est la saison préférée du crapaud. la saison où froidure et mélancolie ne font qu'une. la saison où le crapaud se plaît à être seul sur son nénuphar, avec les albums qui le font pleurer à coup sûr sur sa platine, et qu'il emporterait sur une île déserte (sous réserve qu'il fasse -20°C sur la dite île).
l'hiver est là, le crapaud est ivre d'un bonheur incommensurable à chaque écoute de SlowRiotForNewZeroKanada. le son est à fond et le voilà prêt à s'abandonner à Woland et à Béhémoth.

la grand messe commence un matin, par hasard, un mardi pour être précis, alors que le crapaud est morose et en plein travail. il a alors la bonne idée d'allumer ByteFM, sa radio adorée.

le son crache juste ce qu'il faut pour donner l'impression au crapaud d'être accompagné. c'est alors que ce dernier se surprend à dodeliner de la tête et à tapoter du pied. diable qu'est-ce que c'est que ça ?... deux raccourcis clavier, quels clics et le voilà qui bondit sur son siège.

les fabuleuses guitares qui lui chatouillent délicieusement les esgourdes sont celles de Look Back, Look Up, un titre de Codes In The Clouds qui se produit le soir même sur l'étang, dans le club où le crapaud a toujours eu envie d'aller... le Bang Bang Club, rebaptisé d'ailleurs Levee Club.

nous sommes le 18 janvier 2011, le crapaud est, comme à l'habitude, insupportablement excité : son premier concert de l'année, et le premier qui se décide du matin au soir.
devant l'impossibilité de trouver l'heure exacte à laquelle le concert débute, il arrive au Levee inquiet, et couillon de se sentir inquiet de potentiellement avoir pu déjà raté le concert. ben, non, on ne se refait pas, mais je me soigne, merci.

une toute petite salle, toute jolie, et toute vide ! le crapaud est confiant, des énergies positives fusent de partout alors qu'il se descend sa première glute. et puis ça se remplit inévitablement, assez peu de crapauds, plein de grenouilles, de tous les âges.

je me demande vraiment ce qui m'attend, puisqu'un piano trône sur la scène, et sur le dit piano, une lampe de chevet. et voilà Carlos Cipa qui grimpe sur scène, avec son papa qui est devant et qui arme son camescope...
s'il assure comme il faut derrière son piano, Carlos Cipa est tellement mort de trac (justifié sans doute pas la présence du papa), je rentre difficilement dans ses compositions qui sont pourtant de qualité. impitoyable, j'observe, l'œil goguenard, la lampe de chevet qui tremblotte.
où sont les Codes In The Clouds ?








décidément touchant, Carlos Cipa sort de scène en nous remerciant chaleureusement. en quelques minutes, le plateau change de configuration, le crapaud trépigne et s'avale une seconde glute.
Liger s'empare à son tour de la scène, avec une guitare électrique et un micro. ça aurait été mieux de se limiter à la guitare. car si ses compositions musicales conviennent parfaitement à ouvrir le bal une deuxième fois, la guitare étant plus proche du post-rock que le piano, lorsqu'il se met à chanter, on a mal pour lui et on en vient à prier je ne sais pas quel dieu que cela s'arrête, et vite.
son set est interminable, le crapaud commence à se maudire de son éternelle spontanéité musicale.
où sont les Codes In The Clouds ?








la scène se vide. la salle se remplit. je prends mon mal en patience sans savoir trop à combien de bières j'en suis, lorsque, eventually,
Jack Major (batterie), Stephen Peeling, Ciaran Morahan, Rob Smith (tous trois à la guitare), et Joe Power (à la basse) arrivent sur la scène. voilà Codes In The Clouds.
ces jeunes anglais hébergés chez le (formidable*) label indépendant Erased Tapes dégagent une sympathie toute simple et communicative. ils aiment leurs guitares, ça se voit. dès la première note, la puissance et la chaleur post-rockienne envahissent la salle.

le son est parfait, j'ai presque l'impression d'avoir un casque sur les oreilles. on entend chaque note de guitare, bon sang. le crapaud identifie rapidement le Jonny Greenwood (un label de qualité imparable) de la bande, qui joue avec ses lignes et ses pédales, et donne au groupe une fraîcheur incroyable. les boucles s'enchaînent et se superposent, tout doucement, la crème épaissit petit à petit, la batterie quelque peu sèche accélère et donne le top, la chantilly monte, jusqu'à l'explosion qui, pareil à une petite mort, ne sait si on doit se sentir au comble du bonheur ou au comble de la tristesse de voir un morceau prendre fin.

en plus, je ne sais pas comment vous expliquer. je suis médusé, comme transi, devant Codes In The Clouds. non seulement,ils sont super sympa, mais en plus, la façon qu'ils ont de caresser leurs guitares me met dans un état pas possible. leur post-rock est résigné, minutieux, dégageant des notes presque joyeuses, dynamisantes. comme si, pour la première fois, ce rock d'après s'éloignait de l'habituel spleen, cher au crapaud, et qu'il communiquait une force jamais connue.













tous les morceaux sont bons, tous. je suis tellement enivré que je ne sais même plus s'ils ont joué celui qui m'a fait venir ici ce soir, et peu importe.
loin de réinventer le genre musical, ce jeune groupe en propose simplement une interprétation passionnée et forte de convictions. les morceaux n'ont pas besoin de durer vingt minutes pour être éclatants. l'excitation est perceptible autant sur la scène qu'en dehors, plus personne ne tient debout quand le groupe fait mine de s'en aller, pour revenir encore pour quelques morceaux.

le concert se termine, le crapaud titube de bonheur et se dirige vers le stand pour faire siens les albums du groupe. il s'entretient alors pendant de longues minutes avec un autre féru de post-rock et celui qui tient le stand. le crapaud est comme transformé, sa timidité s'est envolée et il converse à tout rompre. il sent son cœur se serrer, parce qu'il sait que le carrosse va bientôt se transformer en citrouille et qu'il va falloir rentrer. il n'a pas envie de partir, il aime bien discuter avec cette charmante grenouille qui lui offre un poster du groupe avec les cd qu'il vient d'acheter. mais voilà que sonne le glas, le crapaud s'en va, bien que quelque chose le retienne à l'intérieur, ou peut-être quelqu'un. il ne tardera pas à comprendre, alors qu'il hésite à revenir à l'intérieur, que l'objet de son trouble n'est autre que la tête pensante du label du groupe...
allez, avant de tirer ma révérence pour cette première partie, un petit teaser (réalisé par Erased Tapes) pour vous mettre en appétit :

 
(*pourquoi formidable ? jetez juste un œil à l'élégance et au soin apporté aux pochettes de disque, et vous verrez de quoi je parle !)

pictures from Codes In The Clouds' MySpace and Dan Giannopoulous]

Thursday, 2 June 2011

concert review: Jóhann Jóhannsson (Volksbühne, 26/09/10)

ça a commencé par un quiproquo, le genre que j'affectionne particulièrement.
la grenouille phacochère me demande un jour si je vais le 26 septembre à la volksbühne et moi je réponds que, non, j’y vais le 12 octobre.
- pourquoi, y’a quoi le 26 ?
- et y’a quoi le 12 ?
- othello mis en scène par ostermeier.
- ah bon, à la volksbühne?
- ben oui (…)
un ange passe, la connexion avec le monde réel s’établie brusquement… juicy frog, can you hear me?
- euh, tu as dit la volksbühne ?…
- ben oui ! tu as vu qui vient ?
- non, attends… www.volksbuehne-berlin.de
arghhhh…. !!!! tu as des places ?
- pas encore, j’allais réserver…
- je m’en charge...
une minute trente après, les billets sont réservés. la grenouille phacochère, la grenouille badiouiène et le crapaud seront de la partie.

nous voilà donc un dimanche soir. à la volksbühne, donc…
il pleut des cordes, l’automne est là (et je l’ai connu plus gai), l’humeur n'est pas à la gaudriole. c'est doux et humide, le crapaud est tout heureux.
on n’a pas fait exprès d’avoir un temps pareil, mais il se trouve qu’il ne pouvait pas être plus adapté…

car ce soir, les heureux batraciens de la mare passent la soirée avec Jóhann Jóhannsson, un compositeur islandais qui vous noue la gorge en moins de deux minutes par la beauté de ses compositions. ses morceaux sont aériens et chauds, même s’il lui arrive aussi de vous faire dodeliner de la tête comme si vous écoutiez un morceau endiablé.

du piano, des cordes, des touches d’électro pour la base.
et puis aussi parfois tuba, trompette, batterie, glockenspiel, orgue…
et puis des voix aussi, des choeurs d'opéra...

ce fabuleux compositeur est fondateur et membre d’un groupe sympa mais sans grand intérêt aux yeux du crapaud appelé Apparat Organ Quartet : cinq musiciens qui essaient d’imiter Kraftwerk derrière leurs synthés, sans y parvenir vraiment.

aujourd'hui Jóhann Jóhannsson est désormais connu et reconnu pour ses compositions classiques et expérimentales, ainsi que ses nombreuses collaborations avec le cinéma, le théâtre, ou encore la danse.

et ce soir, il est en formation classique et s’accompagne pour l’occasion d’un piano, d’un quatuor à cordes et de deux portables avec un fruit qu’on mange volontiers à cette saison.
mais avant d’avoir le bonheur de se plonger dans l’univers johanssonnien, laissons la place à Lonelady. un trio guitare, batterie et clavier qui, autant le dire tout de suite, n’a vraiment rien à voir avec l’artiste qui suit. du rock de Manchester, signé chez Warp. bien, bien.




















Julie Campbell donne de la voix tout en gratouillant (avec un certain talent) ses cordes de guitare à la PJH* (dont elle n’a, malheureusement, ni la voix, ni le sexe à (john) pile), Andrew Cheetham à la batterie (une merveille pour les yeux et les oreilles) et Gareth Smith au clavier et une batterie analogique, oui enfin, juste un pad (le même genre que celui utilisé par Geoff Barrow sur Machine Gun), qui a lui tout seul a égaillé la soirée !

(*le crapaud a honteusement conscience de ses allusions répétées à Polly Jean Harvey. il va essayer de se trouver un autre gourou pour les prochaines chroniques...)

























il faut dire que Gareth Smith ne sourit point. les autres non plus, d'ailleurs, sauf que lui en plus, il dégage une certaine antipathie. il donne en outre franchement l’impression de s’ennuyer mortellement sur tous les morceaux. plusieurs fois nous pouffons de rire tant sa mine et sa passion sont débordantes !
sans compter que certains morceaux gagneraient justement en profondeur et en musicalité, s’ils se limitaient à un duo guitare/batterie.

les morceaux de Lonelady ne sont pas mal du tout, de bons rythmes bien entrainants, des sons rageurs, des mélodies plutôt soignées, c’est tout simplement dommage qu’on ne soit pas venu écouter ce genre de musique. surtout assis... !

en tout cas, s’ils n’ont pas ouvert la bouche pendant tout leur set, Julie Campbell nous salue en partant. et comme on comprend « bonsoir » et « good evening », les spéculations vont bon train : sont-ils anglais, allemands, non ils ne sont pas français… belges ? oui, belges pourquoi pas ! ha ha ha, belges de Manchester !!

place maintenant à Jóhann Jóhannsson.





















s’il a pas mal changé physiquement, il arrive comme à son habitude sur scène. discret et à pas de loups, sourire franc mais timide, costume impeccable. ses doigts se posent sur un des portables pendant que le quatuor s’installe, trois violons et un violoncelle. un souffle sonore envahit alors la salle.

un film noir et blanc, dans l’esthétique de la pochette de son dernier album And In The Endless Pause There Came The Sound Of Bees, qui est en fait la musique du court-métrage d’animation Varmints de Marc Crastle, dont voici un petit extrait pour vous mettre l’eau à la bouche :

Rainwater

sur ce dernier album justement, il délaisse les voix synthétiques au profit de chœurs fantastiques qui convertiraient en moine fervent n’importe quel crapaud athée.

dès la première note de violon, le crapaud s’envole loin de la vase malodorante de son étang pourtant bien propret… place à l’apaisement, au recueillement, aux larmes de bonheur.

les morceaux choisis ce soir sont principalement extraits de son tout premier album Englabörn, découvert sur les routes d’Islande après un passage chez 12 Tónar, il y a quelques années… le crapaud sent sa gorge se serrer méchamment…
















… car il se revoit d'un seul coup, découvrir des morceaux accompagnant parfaitement le paysage qu'il a devant ses yeux éberlués et médusés par la beauté, lui faisant oublier le bruit du moteur.
vous êtes méchamment ému, vous ne savez pas pourquoi. c'est beau, c'est juste beau et vous n'avez jamais vu ça auparavant.

quand Salfraedingur démarre, les yeux de la grenouille phacochère et du crapaud se croisent, la mélancolie s’installe, les souvenirs ressurgissent l’espace de quelques secondes, jusqu’à ce que l’on soit définitivement happé par la mélodie et cette impression de partir on ne sait où, mais là où on sera bien.

personne ne bouge dans la salle. une petite centaines d’yeux fermés, tous batraciens confondus. on en oublie même parfois d’applaudir entre les morceaux. à moins que cela relève plutôt du crime de lèse majesté que de briser l’harmonie qui se dégage de la scène.
d'ailleurs plutôt que de continuer à palabrer, isolez-vous quelque part, branchez un casque si vous en avez un, ouvrez grandes vos oreilles et cliquez par ici :

IBM 1401, a User's Manual Part I - IBM 1401 Processing Unit

ici

Englabörn

ou encore .

j’espère que vous serez transporté aussi loin que le crapaud.
si ça vous dit, on peut se retrouver quelque part aux alentours du Jökulsárlon. ou au pied de Krafla. ou du Snaeffelness. ou n’importe où, pourvu que ce soit là bas.
avec Jóhann Jóhannsson dans les oreilles.

[©pictures: Lonelady’s and Jóhann Jóhannsson’s websites]

concert review: Ninja Tune XX (Astra, 24/09/10)

ouh la la, comment vous dire ?
le bonheur de faire découvrir un groupe à des amis batraciens, la joie d'aller à un concert ensemble, l'honneur de voir des potes vous faire suffisamment confiance pour vous suivre les paupières closes.

ouais, c'est tout ça réuni qui s'annonce à l'Astra.
le crapaud est excité à fond les ballons (puissance 8 sur l'échelle de kermit), arghh, deux soirées Ninja TuneXX pour les vingt ans du label londonien, chéri par le batracien pour diverses raisons dont la principale tient en deux mots : The Herbaliser.






















jusqu'à Take London, et avant de passer chez !K7, les Herbz étaient des ninja, tout comme (entre autres) Colcult, DJ Food, DJ Vadim, Bonobo, Roots Manuva, Kid Koala, Antipop Consortium, Fink, Lou Rhodes, Andreya Triana... et the Cinematic Orchestra !
Ninja Tune c'est aussi l'excellente compile Xen Cuts qui rythme parfois les dimanches du crapaud alors qu'elle conviendrait mieux à un samedi soir endiablé.

bon enfin, bref, ce soir c'est la méga teuf, le crapaud attend ça depuis des semaines.
voir Bonobo, Andreya Triana et surtout The Cinematic Orchestra, ce groupe qu'il ne partage avec vraiment pas grand monde, allez savoir pourquoi.



















un groupe à formation variable avec Jason Swinscoe à sa tête, responsable machinerie et orchestration. de l'électro, du jazz, des samples, parfois des voix. très cinematic.
d'ailleurs, après Motion, leur premier album en 1999, le groupe s'est fait remarqué la même année pour leur participation à la cérémonie de la Director's Guild of Great Britain rendant hommage à l'oeuvre de Stanley Kubrick.
et en 2001, The Cinematic Orchestra reçoit une commande de la ville de Porto, alors capitale européenne de la culture : sa mission ? écrire une bande son pour accompagner le (excellent) film de Dziga Vertov, Man with a Movie Camera, datant de 1929.















et cet album du groupe est, de la première à la dernière note, vertigineux.
je reste malgré tout plus circonspect, lorsque que le groupe s'entoure d'interprètes pour mettre des mots sur sa musique. autant la voix de Fontella Bass et Lou Rhodes se prêtent harmonieusement à Ma Fleur, leur dernier album, autant celle de Patrick Watson ramollie les morceaux (malgré toute l'estime que le crapaud à pour Patrick Watson).

mais bon, ce soir, on s'en fiche, ils sont là, c'est tout ce qui compte.
lorsque j'arrive avec la grenouille belgo-suisse, le crapaud qui ne regarde pas les films en VO et sa grenouille taciturne, j'ai du mal à contenir mon excitation.

les murs de l'astra sont recouverts des pochettes des disques, format vinyl, qui ont fait l'histoire du label ; un set électro résonne dans la grande salle (des DJ sont sur scène, sans doute Delfonic et Dorian Concept), il fait chaud, la bière est fraîche.
je reste avec ma grenouille belgo-suisse, pendant que les autres vont s'asseoir « en attendant que ça commence » (ça a commencé, mais bon, personne ne semble prêt à se bouger les cuisses sur de l'électro à cette heure).

Andreya Triana arrive alors sur scène suivie de près par monsieur Green-Bonobo qui s'empare d'une contrebasse. je suis très intrigué de les voir, car je trouve vraiment que son premier album Lost where I Belong est une parfaite réussite. sa voix est délicieuse, intelligemment posée sur chacun des morceaux, la production de Bonobo est impeccable, les rythmes jazz fleurent bon, oui vraiment, c'est un album très agréable.

















la production justement, ce soir il n'y en aura pas. Bonobo ne peut pas être au four et au moulin. et bien qu'il soit un sacré contrebassiste (entre autres), que la voix d'Andreya soit parfaite et que Fink les rejoigne à la guitare, le concert ne décolle pas une seconde. les morceaux s'enchaînent sans intérêt, l'ambiance est au point mort. les mélodies sont agréables sans même accrocher l'oreille. pourtant je le connais presque par cœur son album, c'est fou.

sans compter que là où nous sommes placés, c'est une véritable autoroute. pas moyen d'être tranquille, crapauds et grenouilles vous bousculent sans cesse, soit pour aller au bar, soit pour sortir fumer un clope (même si, un clop, ça peut faire exploser un batracien !).

alors quand le concert se termine, je n'ai qu'une envie, rentrer dans mon étang et mettre le disque sur ma platine. mais bon, on sort nous aussi s'en fumer une et retrouver les copains.

et lorsque vient le moment de revenir dans la salle, je guide tout le monde, là où j'ai l'habitude de me placer quand je viens à l'astra, idéal pour les crapauds qui (dans leur jeunesse) ont rechigné à manger de la soupe. la vue est plus ou moins dégagée, et en plus personne ne remonte à contre-courant. c'est bon de ne plus voir tous ces saumons vous arriver dessus...

c'est à ce moment précis que la surprise se produit. quel étonnement, ah ça oui, ami lecteur, de voir arriver sur scène Lou Rhodes pour vingt petites minutes d'enchantement, car le crapaud avait accessoirement oublié qu'elle était aussi chez Ninja Tune !

















si sur disque, sa jolie voix rocailleuse ne lui provoque pas grande émotion sans Andy Barlow, son pote de Lamb (un groupe de trip-hop, jazz, dub, drum and bass, comme il se dénomme) sur scène, c'est autre chose. ce ne serait pas mentir que de dire que, ce soir, elle ensorcèle l'auditoire en un seul et unique morceau. accompagnée d'une simple guitare folk, elle nous fait oublier que Ninja Tune est un label électro, tout est douillet et harmonieux, qu'on est bien.

si Lou Rhodes se la pète méchant, on lui pardonne, après tout, elle a les atouts pour le faire.
pour vous donner une idée du travail de Lou Rhodes, écoutez cette très belle reprise de Satellite qu'elle a faite d'Elliott Smith.

le crapaud rêve déjà de l'entendre avec les Cinematic Orchestra, puisque c'est elle qui clôture (en beauté) Ma Fleur. (même si elle ne lui fera pas ce plaisir, peu importe.)

alors, lorsque monsieur Swinscoe arrive sur scène avec sa casquette, le crapaud a envie de bondir comme un diable en cage. Patrick Carpenter rejoint ses claviers, Tom Chant s'empare de son saxo (qu'il échange parfois par une trompette), Nick Ramm est au piano, Stuart McCallum à la guitare, Phil France à contrebasse et Luke Flowers à la batterie.

































je dois bien avouer que je dois oublier quelqu'un mais ils sont si nombreux sur scène que j'ai du mal à m'y retrouver !
la grâce même s'empare de la scène lorsque l'excellente Eska Mitungwazi apparaît sur All that you Give.

















ne connaissant pas spécialement les titres des morceaux des Cinematic Orchestra, je suis en peine de vous donner une setlist, mais je peux surtout vous dire que le crapaud, bien que se retrouvant assez vite seul (tous ses crapauds et grenouille amis le laissent en plan), va s'éclater comme un fou.

je reconnais quand même All Things to all Men (mais sans Roots Manuva !), Child Song, Music Box, Familiar Ground, Flite et surtout Work it!, ce morceau tonitruant de A Man with a Movie Camera que je vous propose d'écouter sans plus attendre :


j'en oublie presque que mes potes m'ont abandonné, les lâches ! je me dis que vraiment, jamais je n'arriverai à trouver quelqu'un qui accroche à la folie cinématique de cet orchestre. mais ça m'est bien égal, car vraiment je n'aurais jamais espéré avoir la chance de les voir un jour. si bien que je rentre dans mon étang, heureux et sautillant.

n'empêche, le lendemain, alors que je trépigne de me rendre à la seconde partie du festival, la vraie soirée électro, à l'Icon en plus, j'apprends par sms que finalement personne ne m'accompagnera. je vais donc me coucher la mort dans l'âme et râgeur en pensant à DJ Food, Bonobo et Kid Koala qui doivent être là...